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Maroc-France. Michel Vialatte : « Pas de nouvelle ère mais une étape historique »
Publié dans Challenge le 31 - 07 - 2024

Dans une évolution significative, le Président français a annoncé officiellement à SM le Roi qu'il « considère que le présent et l'avenir du Sahara s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », indiquait le cabinet royal dans un communiqué diffusé ce mardi matin 30 juillet 2024.
Le Président français, Emmanuel Macron, a annoncé officiellement que la France considère le Sahara comme relevant de la souveraineté marocaine. Cette déclaration, transmise dans un message adressé à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, représente une évolution significative et renforce le soutien international au plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007. Considérée comme une avancée diplomatique majeure, cette position est analysée par Michel Vialatte, consultant international diplômé de 3ème cycle en droit international public de l'Université Paris-I-Panthéon/Sorbonne, spécialiste des relations Europe/Afrique du Nord et plus particulièrement des relations entre l'Europe et le Royaume du Maroc. Dans cette interview, Michel Vialatte décrypte les enjeux géoéconomiques et géostratégiques de cette nouvelle donne.
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Question : Quels enjeux géostratégiques révèle le message adressé par Emmanuel Macron à Sa Majesté le Roi Mohammed VI ?
Michel Vialatte : Ils me semblent majeurs. Le Sahara occidental (Provinces du sud, ndlr.) est un territoire quasiment à la jonction de deux sous-ensembles continentaux, l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne, où les pays du Sahel connaissent des troubles durables altérant la sécurité de la sous-région.
Le Maroc, notamment avec la remarquable Initiative Atlantique lancée en novembre 2023 par Sa Majesté, constitue une puissance d'équilibre, de plus en plus présente économiquement et politiquement respectée en Afrique subsaharienne, grâce à l'image de son monarque. C'est là le fruit de vingt-cinq années d'une diplomatie royale efficace, inspirée d'une vision Sud-Sud des relations internationales. Le Maroc ambitionne d'ouvrir un accès à ses infrastructures portuaires, en particulier le port de Dakhla Atlantique en cours de construction, à ces pays dépourvus d'accès à l'océan, sous réserve d'une participation de la Mauritanie à cette initiative, au demeurant non encore acquise.
Par ailleurs, au moment où la France se voit contrainte à un retrait de la zone sahélienne, le Maroc voit son influence croître, non, certes, sans l'exposer aux mêmes risques que ceux que la France a encourus et subis, sans la même suspicion dont est l'objet l'ancienne puissance coloniale, mais avec, face à lui, les tentatives algériennes de soutien à peine masqué à des factions rebelles, notamment au Niger et au Mali. Le royaume a néanmoins plus d'un atout dans son jeu pour s'affirmer comme acteur de régulation géostratégique. Le fait, pour la France, d'acter la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental conforte puissamment cette vocation du royaume.
Question : Quel est selon vous « l'impact business » d'une telle reconnaissance par la France ?
Michel Vialatte : Sa Majesté avait fait en 2022, lors de son discours du Trône, de la question de la reconnaissance par les Etats de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – cause nationale sacrée au Maroc -, une condition sine qua non de l'accès de leurs entreprises aux grands projets et investissements dans le Royaume. D'aucuns y avaient vu un « avertissement » à la France, qui se dispute avec l'Espagne le rang de premier partenaire commercial du Royaume. Il est clair que la position exprimée par Emmanuel Macron, rendue publique mardi 30 juillet, lève cette hypothèque et redonne potentiellement aux entreprises françaises la capacité de jouer d'égal à égal avec leurs concurrents espagnols, chinois, coréens, allemands, américains, turcs ou israéliens.
Or, la France, par l'histoire de la présence de ses entreprises et enseignes au Maroc, par la connaissance intime qu'ont leurs cadres des réalités marocaines inscrites dans l'ADN de beaucoup d'entre elles, mais aussi la présence croissante en leur sein de salariés français binationaux, dispose d'atouts que n'ont pas leurs compétiteurs chinois ou américains par exemple. La France a de plus deux cartes maîtresses dans son jeu : Le stock d'investissements directs étrangers français au Maroc était de 8,1 milliards d'€ en 2022, la situant en leader. Et, toujours en 2022, les transferts financiers des Marocains de France atteignaient 3,3 milliards d'€, en hausse de 17,9 % par rapport à 2021, représentant le tiers du total d'apports en devises reçus par le Royaume des Marocains du monde, ce qui est un formidable relais de croissance pour les entreprises françaises au Maroc.
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Question : Faut-il voir dans le message du président Macron un acte désespéré de la part d'un président sur le départ ?
Michel Vialatte : Nullement, d'abord parce qu'il n'est pas sur le départ, nonobstant les aléas parlementaires qu'il a suscités et qu'il subit, son mandat ne s'achevant qu'en 2027. Mais aussi, parce qu'il n'existe pas d'actes désespérés en diplomatie, sauf rares exceptions conduisant souvent à des guerres. Voici des années, pour ne pas dire des décennies, que le processus diplomatique français, inéluctable et logique, conduisait à l'annonce faite hier par Emmanuel Macron. En l'occurrence, celui-ci l'a incontestablement ralenti durant les sept premières années de son mandat avant de lui donner un subit coup d'accélérateur hier. Aujourd'hui, l'annonce de la France libère les esprits du poids des non-dits et sous-entendus.
Question : Assistons-nous à une nouvelle ère du partenariat France-Maroc ?
Michel Vialatte : Je ne parlerais pas de nouvelle ère mais plutôt d'une étape historique dans l'évolution des relations bilatérales, singulières et privilégiées, quels qu'aient pu être les épisodes de tension de ces dernières années. L'annonce faite par la France libère les esprits de part et d'autre du poids de ce non-dit et des sous-entendus, rumeurs et interprétations malveillantes, parfois inspirées de l'étranger, qui empoisonnaient nos relations. Or, la force et la singularité de celles-ci tiennent à leur histoire bien sûr, qui remonte à François 1er et au premier traité signé entre les deux pays, mais aussi, désormais, à l'existence de 2,5 millions de binationaux vivant en France, forces vives motrices du lien indissoluble entre les deux peuples, enrichie de surcroît de nombreux couples mixtes.
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Question : En diplomatie, quelle est la valeur d'un tel message ? Le lobbying des accords d'Abraham a-t-il influencé Paris ?
Michel Vialatte : La traduction diplomatique du message présidentiel, comme Emmanuel Macron l'indique lui-même, prendra la forme d'un soutien renforcé de la France au Plan d'autonomie sous souveraineté marocaine. « La France y prend toute sa part », a précisé le président français, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies.
L'état dégradé des relations franco-algériennes empêche la France d'être la puissance médiatrice. La France invite par ailleurs toutes les parties à se réunir en vue d'un règlement politique, dont il reste à déterminer qui en prendra l'initiative inéluctable. L'état dégradé des relations franco-algériennes, avec le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France le 30 juillet, ne prédispose pas la France à être la puissance médiatrice. Enfin, l'engagement d'Emmanuel Macron à accompagner le Maroc dans cette démarche au bénéfice des populations locales devrait rapidement se traduire par un investissement de la France, de ses organismes de coopération tels que l'AFD et de ses entreprises dans les territoires sahariens et au bénéfice de leurs populations autochtones.
Nul doute enfin que les accords d'Abraham ont été un des facteurs déclenchants de la prise de conscience par la diplomatie française de ce qu'il « fallait avancer ». Sauf à laisser aux USA, surtout si Donald Trump, signataire de ces accords, gagnait le scrutin de novembre, une forme de leadership évidemment dommageable aux intérêts de la France.
BIO
Michel Vialatte, consultant international diplômé de 3ème cycle en droit international public de l'Université Paris-I-Panthéon/Sorbonne, est un spécialiste des relations Europe/Afrique du Nord et plus particulièrement des relations entre l'Europe et le Royaume du Maroc. Il est issu d'une famille présente au Maroc depuis plus de cent ans. Ancien chef de cabinet de ministre et directeur général de grandes collectivités publiques françaises, il est ancien administrateur général des collectivités territoriales. En parallèle à ses activités professionnelles d'expert en gouvernance publique et spécialiste des politiques de l'eau, il est également écrivain (auteur de romans, essais, nouvelles) et a déjà publié une dizaine de livres dont plusieurs ayant pour sujet le Maroc.


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