Quatre cabinets d'intérim ont déposé chacun 1,1 MDH auprès de la CDG en guise de caution. Une obligation instaurée par le code du travail, mais qui n'a jamais été appliquée à cause des protestations émanant de la profession. L'incendie de l'usine Rosamor semble aider à changer la donne en remettant sur le tapis la question des droits des intérimaires. Au courant de cette semaine, la Caisse de Dépôt et de Gestion a vu débarquer dans ses caisses un montant de 4,4 millions de DH. Pas grand-chose pour une institution de son gabarit, mais qui représente beaucoup pour les quatre entreprises qui l'ont versé à Mustapha Bakkouri. Preuve en est: c'est depuis que le code du travail est entré en vigueur, le 8 juin 2004, que les sociétés d'intérim doivent s'acquitter chacune de 1,1 million de DH, l'équivalent de 50 fois la valeur globale annuelle du salaire minimum légal. Ce montant représente la valeur de la caution imposée par la loi pour garantir les droits des intérimaires, au cas où le cabinet d'intérim ne les payerait pas pour une raison ou une autre. Cependant, plusieurs arguments ont été mis en avant pour déjouer les filets de la réglementation. Qu'est-il donc arrivé aujourd'hui pour que quatre cabinets d'intérim prennent l'initiative de déposer l'argent à la CDG ? Depuis que l'incendie de l'usine Rosamor a eu lieu, la presse n'a eu de cesse de faire porter une part de la responsabilité aux agences d'intérim. Et pour cause, cette usine de Lissasfa employait quasi-exclusivement des intérimaires dont les contrats de travail ne respectaient pas à la lettre les clauses de la loi (durée de la mission notamment). De plus, les frictions entre les différentes associations de la filière de l'intérim ont divisé la corporation, au sein de laquelle chaque formation brandit des slogans de transparence, de respect des règles de la loi... «Avec les autres membres de la fédération nationale des agences d'intérim et de recrutement ( Ndlr : Euronet Intérima, RMO et Tectra), nous avons voulu marquer le pas en nous acquittant de ce dû exigé par la loi», lance Zahir Lamrani, D.G de Best Intérim. La CDG anti-caution bancaire Ce qui mérite d'être souligné, c'est que ce dernier faisait partie des opposants farouches à l'application de la caution en se demandant «pourquoi imposer à notre profession des contraintes qui ne sont pas imposées aux autres professions libérales ?». Quelques années plus tard, il est le premier à s'en acquitter, mettant dans une situation délicate ceux qui en étaient de fervents défenseurs, notamment l'Association des entreprises de travail temporaire transparentes et organisées. «Tous les autres doivent se mettre en conformité avec la loi», souligne Zahir Amrani. Et d'ajouter, «nous appelons les entreprises utilisatrices d'intérim à demander une copie du certificat de dépôt de la caution et de l'agrément avant de conclure avec tout cabinet, et le ministère de l'Emploi à exiger de l'ensemble des entreprises d'intérim qu'elles s'acquittent de cette caution». Façon d'instaurer des règles de concurrence appliquées à tous. Seul hic, la discorde est toujours présente au niveau de la nature de la caution. Si les quatre cabinets qui s'en sont acquittés ont accepté les conditions de la CDG en lui remettant des chèques encaissables, les autres ont toujours réclamé que la caution soit bancaire et que l'argent ne soit débité de leurs comptes qu'en cas de pépin. Principe auquel les équipes de Bakkouri s'opposent catégoriquement. ◆