Malgré le dernier coup de rein de fin 2023, consistant en l'accélération du process d'appel d'offres des derniers travaux de construction, le Morocco Mall de Marrakech ne sera très certainement pas livré dans les délais initialement impartis, à savoir mi-2024. Avec un état d'achèvement encore à 65% ou 70% selon les estimations les plus optimistes, le futur temple du commerce de la ville ocre ne devra probablement être inauguré par le groupe Aksal, son maître d'ouvrage, qu'en 2025. Lire aussi | Le Moroccan Retail Tech Builder célèbre l'accompagnement de 100 startups Et si effectivement les lots en cours d'attribution, à savoir ceux en rapport avec les finitions, le rocher artificiel et les espaces verts sont généralement les plus compliqués et les plus susceptibles de causer des retards de livraison dans des chantiers pareils, cette fois il y va également de l'hésitation de l'emblématique patronne du groupe Aksal, Saloua Idrissi Akhannouch, de lever un peu le pied le temps de voir si le marché marocain du Retail sort réellement du marasme ou s'enfonce plutôt dans la crise. Il faut dire que depuis près d'un an, le secteur du retail (et particulièrement le prêt à porter) déplore des fermetures à la pelle de points de vente et des départs d'enseignes internationales qui préfèrent quitter le Maroc vu les multiples problèmes auxquels est confrontée l'activité, à savoir droits de douane élevés, procédures harassantes des douanes marocaines pour sortir les produits importés des ports et aéroports (notamment en raison de contrôles draconiens de laboratoire frôlant le ridicule) et diminution du pouvoir d'achat à cause de la succession de deux crises mondiales majeures et last but not least des impôts insoutenables, notamment la taxe professionnelle qui pénalise clairement les locataires (alors que le développement du commerce moderne passe inexorablement par l'existence d'un marché locatif dynamique de l'immobilier commercial). Lire aussi | Groupe Label'Vie : un nouveau retail park en 2023 Dans un tel contexte de marasme, les propriétaires de mall (centres commerciaux), tels les foncières Aradei ou les bras armés immobiliers du groupe Marjane ou groupe Aksal, ont du mal à préserver leur taux de remplissage et par ricochet, leurs marges. D'où la grande pression aujourd'hui sur le propriétaire du Morocco Mall de Marrakech et l'enjeu pour lui du risque d'un lancement au rabais avec un taux d'occupation des commerces en berne.