Au-delà du GPS grand public, dont le système permet de se localiser suivant une cartographie numérique, le GPS intégré suscite, depuis les attentats terroristes du 16 mai 2003, des contrôles sécuritaires. Au lieu d'un simple agrément, la procédure actuelle exige une autorisation personnalisée. Comment est-elle octroyée et suivant quel processus de contrôle ? Autoriser l'utilisation d'un GPS, système de positionnement et de navigation par satellite, n'est plus du seul ressort de l'Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT). L'autorité de réglementation n'est que la façade ou le service par lequel cette autorisation est octroyée. Derrière, un département sécuritaire doit d'abord donner son aval. Son accord ou son refus sont conditionnés par des soucis de sécurité. La question dépasse donc le volet économique d'un secteur d'activités en vogue depuis quelque temps au Maroc. Le volet sécuritaire, qui est devenu important dès l'après-attentat du 16 mai 2003 à Casablanca, a le dernier mot concernant l'octroi des autorisations d'exploitation. Le département de sécurité concerné se fie, pour donner son accord définitif, aux informations fournies par les services de renseignement des Forces Armées Royales, de la gendarmerie, de la DST… Ces services, une fois sollicités, entament une enquête minutieuse sur l'utilisateur final de cette technologie, ses associés, ses ramifications s'il en existe… Mais pourquoi tout ce branle-bas pour un système de géolocalisation et de géopositionnement qui paraît de prime abord inoffensif ? Le système de GPS se divise en deux catégories. Une inoffensive qu'on nomme GPS normal, qui est un système de cartographie numérique permettant de se localiser suivant des repères (routes, boulevards…), et une autre qui comporte un risque sécuritaire. Il s'agit du GPS intégré dans un GSM, un modem GSM ou UMTS, et qui permet de repérer la position d'une voiture et de la télécommander. Ce qui rend dangereuse cette technique, c'est l'éventualité d'une utilisation à des fins terroristes. Une bombe dans une voiture ou portable peut être télécommandée à distance. D'où une enquête sur les fins d'utilisation du GPS intégré. D'après une source de la division des autorisations de l'ANRT, l'enquête se fait sur la moralité des importateurs et des utilisateurs finaux. Depuis les attentats terroristes de Casablanca, en 2003, toutes les requêtes d'autorisation d'importation ou d'utilisation des équipements GPS intégrés ont été acceptées, exception faite d'une requête qui a suscité des soupçons d'ordre sécuritaire. En 2006, 18 autorisations ont été agréées par l'ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications), 109 en 2007 et 64 à la fin d'avril 2008. La spécificité de cette autorisation, c'est qu'elle doit être renouvelée pour chaque nouveau client de l'entreprise exportatrice des équipements GPS intégrés. Parmi les exploitants de cette technologie, on trouve les sociétés de transport de fonds et marchandises qui suivent l'itinéraire de leurs convois à distance. Agréments pour GPS normal Outre le GPS intégré, le GPS normal est traité différemment par la division des autorisations de l'ANRT. L'importateur des équipements GPS se voit obligé de déposer une demande d'agrément. La procédure est moins compliquée et ne nécessite point une enquête sur l'importateur ou l'utilisateur final par les services de sécurité. à fin avril 2008, l'agence a octroyé 19 agréments. L'une des utilisations de cette technologie est la géolocalisation automobile, une technique inédite au Maroc. C'est la société marocaine Cadtech, spécialisée dans les systèmes d'informations géographiques et les applications de géolocalisation, qui sera la première à la tester au mois de juin prochain. Son associé n'est autre que Télé Atlas, l'un des principaux fournisseurs mondiaux de cartes numériques et contenus dynamiques pour les solutions de navigation et géolocalisation. Les deux entreprises ont signé un partenariat stratégique de développement d'une cartographie digitale pour le Maroc et la région d'Afrique du Nord. Tele Atlas et Cadtech ont choisi de relier par la cartographie l'Europe au Maroc, le pays d'Afrique du Nord qui connaît actuellement un très fort développement économique. Cette collaboration aboutira à la réalisation de la première version de la base de données, permettant ainsi au marché marocain d'offrir des services de navigation par GPS (PND, système GPS embarqué, services de géolocalisation…) de premier ordre. Le Maroc sera le premier pays de la région à être connecté directement avec les bases de données européennes, permettant de naviguer de n'importe quel point en Europe vers ce pays. Pour Shemsedine Ould Sidi Baba, un des trois fondateurs de Cadtech, cette technologie va permettre aux touristes européens de se localiser suivant un service de navigation similaire à celui qu'ils utilisent dans leur pays d'origine. «L'un des points forts du dossier de l'Afrique du Sud pour l'organisation de la Coupe du monde était le système de cartographie GPS», martèle-t-il. La première version, qui sera lancée sur le marché dès juin, couvrira environ 70.000 kilomètres, soit 5 villes marocaines (Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Marrakech). Toutes les villes et points d'intérêt importants seront intégrés dans les bases de données de navigation. La deuxième version, qui devrait voir le jour vers la fin de 2008 ou le début de 2009, devrait inclure une dizaine de villes supplémentaires. A signaler, enfin, que le système de GPS a enregistré une baisse dans le nombre de dossiers agréés : 43 délivrés en 2006, 28 en 2007 et 19 à fin avril dernier.