La guerre de la darija va-t-elle avoir lieu ? Une Association propose que l'enseignement primaire soit en dialectal, c'est un point de vue qui fait débat et c'est normal. Mais là, cela dure depuis deux mois et c'est d'une violence inouïe. Heureusement, Abdellah Laroui est intervenu pour donner un peu de hauteur à cette polémique, d'abord sur les colonnes d'Al Ahdath, ensuite, à 2M. Sur l'émission soyons clair, le combat était trop inégal, Laroui étant Laroui et l'autre n'étant que l'autre. Sur le fond, les tenants du dialectal, au nom du pragmatisme, n'ont pas de réponse aux questions identitaires que leur proposition soulève et ils ne peuvent s'y soustraire juste en jurant « qu'ils sont de bonne foi. Tous les tenants de l'arabisme sont vent debout et les accusent de vouloir dénaturer ce qu'ils considèrent « l'identité nationale ». Curieusement, les Amazighs sont discrets, alors que dans nos montagnes, les enfants qui ont un banc, la minorité, frigorifiés ne parlent que berbère. Même le dialectal est pour eux une langue étrangère. Les défenseurs de l'arabe classique, la fousha, ne veulent pas accepter une réalité. Ce n'est pas parce que cette langue n'est parlée par personne qu'elle est inadaptée à l'enseignement des sciences et techniques, mais parce que les sociétés concernées sont larguées en ces domaines. S'il y a 3 Nobel de physique dans cette sphère, le débat n'aurait pas eu lieu. Cette polémique intéressante quand elle est sereine, est un peu surfaite. Parce que Noureddine Ayouch a lancé son pavé en présence de gens du sérail, El Himma en tête, certains en ont tiré des conclusions hâtives. Zakoura ne serait qu'un ballon d'essai. L'Etat profond, comme ils disent, aurait déjà pris sa décision. Je n'en crois pas un mot. La monarchie connaît la sensibilité des questions identitaires. Le Roi les gère avec beaucoup de doigté et de prudence. C'est la proposition d'une Association qui a eu le soutien d'intellectuels, pas tous francophones par ailleurs. Que d'autres soient contre et l'expriment, c'est dans l'ordre des choses. Personnellement, je trouve la proposition d'une légèreté absolue. Déjà réduire l'échec de l'école à la langue utilisée n'est pas d'une grande rigueur. Diplôme universitaire en poche, ils sont souvent incultes dans les deux langues. La réforme de l'école est un chantier sérieux qui nécessite un consensus national. Que mille idées fusent, mais, ce n'est pas utile d'en faire des guerres par journaux interposés.