On ne peut qu'applaudir la décision du Maroc de régulariser les clandestins. Elle fait d'autant plus plaisir qu'elle intervient à un moment où en Europe la chasse à l'immigré est à la mode et que l'Arabie Saoudite s'apprête à renvoyer chez eux 23000 Ethiopiens. Je ne sais pas si à Ryad, ils ont pris leurs dispositions, mais le secteur du Bâtiment risque de s'arrêter parce que les Saoudiens trouvent le travail trop pénible. Cette mesure, la régularisation est un bon début. Parce qu'il nous faut une stratégie. Anis Birou dit que le rêve marocain remplace le rêve européen. C'est un fait et on peut s'en réjouir. La majorité de ceux qu'on a régularisé comptaient traverser. Mais maintenant, ils sont là et probablement pour toujours. On ne peut pas reproduire les législations et les attitudes que nous dénonçons quand nos compatriotes en sont victimes. Non pas par opportunisme, mais par respect pour notre culture, ce que Allal El Fassi appelait l'humanisme marocain. En même temps, il faut une gestion raisonnable des flux migratoires. Ils n'est pas question non plus de déclarer le pays portes ouvertes et de se retrouver dans des situations ingérables. Je ne trouve rien de dégradant d'offrir aux Subsahariens qui le souhaitent un billet de retour, au lieu de les laisser mendier dans les rues. Mais il faut que les départs soient absolument volontaires. On ne peut pas renvoyer quelqu'un qui fuit une guerre civile, c'est contraire à tous nos principes, à toute notre histoire. La stabilité, la relative prospérité, attirent des étrangers. Il faut savoir qu'une majorité des étudiants africains choisissent de rester chez nous. Aux Editions La Gazette, nous avons eu le bonheur d'en embaucher plusieurs et ce, depuis plus de quinze ans. Ils sont totalement intégrés, se considèrent comme marocains et enrichissent le travail de nos équipes par une sensibilité différente. Il faut savoir quand on parle d'immigrés, qu'ils ne sont pas tous en situation de précarité. Mais ceux qui le sont méritent toute notre attention, notre soutien. Les autorités montrent de bonnes dispositions, c'est à la société civile de prendre des initiatives d'intégration.