Réforme portuaire, congestion du port… Le point avec le président du directoire de l'un des principaux intervenants au port de Casablanca. Challenge Hebdo : quels sont les objectifs qui ont été réalisés sur la voie du changement depuis le défunt ODEP ? Mohammed Abdeljalil : l'application de la loi 15-02 au port de Casablanca dès décembre 2006 donne une idée précise du chemin parcouru sur la voie de la réforme portuaire. Dans ce port, où la réforme a été la plus difficile à mettre en œuvre, deux opérateurs portuaires, Somaport et Marsa Maroc se préparent à opérer chacune sur ses propres terminaux dans le cadre des contrats de concession qui les lient à l'ANP. Pendant la période transitoire nécessaire à cette préparation, Marsa Maroc opère sur la totalité du port en partenariat avec Somaport, qui assure les services de manutention à bord dans le cadre d'un contrat de sous-traitance. De ce fait, l'unicité de la manutention, un des leviers principaux de la loi, est effective sur le plan juridique depuis décembre 2006. Dès juillet-août 2008, une nouvelle étape sera franchie, puisque chacun des deux opérateurs devrait prendre en charge la totalité des services qu'il rend à ses clients, chacun avec ses moyens propres. La concurrence deviendra alors effective au port de Casablanca. C. H. : la congestion du port de Casablanca est toujours d'actualité… M. A. : la congestion du port est un phénomène lié à une demande devenue supérieure à l'offre du port de Casablanca, compte tenu notamment des délais de séjour importants des conteneurs à l'import. Dans le cadre de la réforme portuaire, Somaport prépare un nouveau terminal à conteneurs qui ajoutera 300.000 EVP (équivalent vingt pieds) de capacité au port de Casablanca. La réforme portuaire apporte donc un ballon d'oxygène au port de Casablanca, bien que ces capacités soient en décalage de quelques mois par rapport au besoin généré par la croissance exceptionnelle du trafic conteneur. Les actions de la «feuille de route» signée en décembre dernier sont en cours de mise en œuvre avec pour objectif de réduire le délai de séjour des conteneurs au port de Casablanca de 13 à 8 jours. Parmi les mesures arrêtées, certaines sont à la charge de Marsa Maroc. Ainsi, les zones de stockage ont été élargies, ce qui représente entre début 2007 et aujourd'hui, 20 hectares de terre-plein supplémentaires. Neuf chariots cavaliers ont également été acquis courant 2008 et dix autres suivront avant la fin de l'année. Cinq sont déjà en service depuis fin mars et 4 autres le seront à la fin d'avril 2008. C. H. : qu'est-ce qui a changé concrètement ? M. A. : le trafic cumulé des conteneurs traité par Marsa Maroc au port de Casablanca à fin décembre 2007 a atteint 706.000 EVP contre 588.000 EVP en 2006 soit une augmentation d'environ 20%. Ce niveau de trafic correspond exactement à la capacité actuelle du port de Casablanca. Durant le premier trimestre 2008, l'activité a encore connu une augmentation de 16% par rapport au premier trimestre de l'année précédente. A ce niveau de trafic, les conteneurs ne sont pas traités dans les meilleures conditions. Fort heureusement, des signaux d'amélioration de la productivité ont été enregistrés, notamment durant ces trois dernières semaines. C. H. : la mesure visant à augmenter le prix du stockage au-delà de 7 jours réussira-t-elle à réduire les délais de séjour des conteneurs ? M. A. : la révision de la tarification du magasinage des conteneurs à l'import entrera en vigueur à partir du 2 mai 2008. C'est une mesure d'incitation à l'enlèvement rapide des conteneurs à l'import. Cette nouvelle tarification est là pour éviter le stockage de longue durée des conteneurs au port, qui est avant tout une infrastructure de transit. D'ailleurs, de nombreux importateurs enlèvent leurs conteneurs dans un délai inférieur à 7 jours et seront totalement exonérés de frais de magasinage, puisque le délai de franchise a été augmenté de deux jours. C. H. : qu'en est-il du projet de privatisation de Marsa Maroc ? M. A. : nous sommes au courant des grandes orientations du ministère de l'Economie et des Finances. L'entreprise est privatisable. Il semble que les services concernés du MEF se penchent sérieusement sur le dossier d'ouverture du capital de Marsa Maroc.