La SGMB (Société Générale Marocaine des Banques) pourrait se retrouver sous les feux des projecteurs. Sa maison-mère française, le groupe Société Générale, est la cible d'une OPA. La filiale marocaine ne pourrait pas échapper aux changements. Explications. L'actionnaire français pourrait-il se retirer de la SGMB? Les actionnaires minoritaires marocains auront-ils à céder leurs parts ? Une partie du capital de la SGMB pourra-t-elle être cédée en Bourse ? Voilà autant de questions suscitées aujourd'hui par l'actualité brûlante de la société mère de la banque marocaine. La Société Générale (SG) est la cible d'une offre publique d'achat. Beaucoup trop de rumeurs ont ciraculé en France et en Italie, faisant état d'une éventuelle opération dans ce sens. C'est que le big boss de l'établissement bancaire français a laissé les portes ouvertes à toutes les hypothèses. Ce mois-ci, Daniel Bouton aurait fait entendre à des représentants syndicaux qu'un rapprochement entre son groupe bancaire et son concurrent italien Unicredit serait une «solution intelligente». Même si les deux groupes ne confirment pas encore avoir de projet bien concret dans ce sens, Bouton aurait fait savoir que si un rapprochement devait avoir lieu, il se ferait via une offre publique d'échange du plus gros sur le plus petit, en d'autres termes d'Unicredit sur la SG. Voilà les choses clarifiées. La Société Générale a besoin aujourd'hui de revoir sa position tant que sa taille et sa valeur capitalistique ne sont pas vraiment grosses. Les analystes étrangers sont persuadés que l'avenir de la banque française ne se fera pas seul, et plaident pour son adossement depuis un moment déjà. De fait, ce qui se trame à l'étranger ne pourra qu'affecter la filiale marocaine. Que risque-t-il de se passer ? A priori, nos analystes préfèrent ne pas trop se hasarder à imaginer les scénarii possibles si la SG venait à changer de mains. Mais si cela devait être le cas, et si Unicredit, l'un des huit candidats en lice (il y a également Santander, BBVA, Royal Bank of Scotland, Lloyds, Halifax, Capitalia, Fortis ou Commerzbank) remportait la partie, alors la SGMB verrait à son tour des changements s'opérer en son sein. La première hypothèse consiste à ce que le nouvel actionnaire (Unicredit) maintienne sa position au Maroc, voire la renforce. Dans ce cas, la situation resterait telle quelle, c'est-à-dire qu'aucun changement n'affecterait la composition du capital. La maison-mère garderait toujours ses 53%. Les Italiens pourraient demander davantage pour mener, seuls, le navire. Ils pourraient envisager, pourquoi pas, de charmer les autres actionnaires afin qu'ils leur cèdent leurs parts. La deuxième hypothèse pourrait concerner l'envie du nouvel actionnaire de se retirer du Royaume. Il pourrait demander aux actionnaires minoritaires de lui racheter ses parts. Une piste difficile à imaginer, dans la mesure où la Société Générale a toujours arboré son intention de maintenir son développement à l'international et sur le pourtour méditerranéen. La SGMB a un passé au Maroc. Depuis des décennies, la banque cherche à se forger une place. Certains de ses indicateurs s'améliorent, tandis que d'autres restent à améliorer. Puisque la banque affiche des résultats au vert, pourquoi s'en dessaisir alors ? La troisième hypothèse pourrait, elle, porter sur une introduction d'une partie du capital de la SGMB sur le marché boursier. Jusqu'à présent, elle est l'une des rares banques de la place à ne pas avoir pris cette décision. Avec un nouvel actionnaire, l'occasion pourrait-elle se présenter? Peu d'autonomie… ? Au vu de ces scénarii, la SGMB ne peut être aujourd'hui que sur le qui-vive, attendant le dénouement du dossier à l'international. Entre temps, elle continue son bonhomme de chemin. Elle a acquis une part de marché qui avoisine les 11%. Son système de contrôle est jugé bien rôdé. Selon les observateurs, son portefeuille client a une certaine qualité, qui en fait un de ses atouts. Son réseau d'agences n'est pas déploré (215 agences), comparativement à celui de la BMCI ou du Crédit du Maroc par exemple, les autres banques françaises. Elle essaie de se développer dans les divers métiers. En 2001, la banque a racheté la Marocaine-Vie pour asseoir une assise dans cette branche d'activité. Une année plus tard, elle récidive en rachetant à l'ONA le spécialiste du crédit à la consommation, Eqdom. Dans les métiers de l'ingénierie financière, la SGMB a par exemple participé au re-financement de la dette en devise de Méditel, au financement de la construction de l'unité industrielle de Holcim à Settat… Elle a aussi contribué pour un milliard de dirhams à une convention de crédit acheteur pour l'OCP en 2002, elle a financé le programme 2006-2007 d'Atlas Hospitality pour l'acquisition et la rénovation d'hôtels… La SGMB tente de se faire une place sur divers segments du métier bancaire. Elle aurait cependant pu faire mieux. Des lourdeurs administratives sont souvent pointées du doigt pour expliquer la complexité de ses procédures. Par exemple, tout doit passer par Paris pour être validé. C'est une démarche qui pèse. La filiale marocaine dispose alors de peu d'autonomie. Les changements au niveau de sa société-mère (si changements il y a…) vont-ils conduire la filiale marocaine sur un autre chemin ? L'avenir nous le dira.