A travers le dossier d'information du programme des billets de trésorerie, Challenge a eu accès aux chiffres de Maghreb Steel. On y découvre une réalité très délicate. Le consortium bancaire dont Attijariwafa bank et la BCP sont les têtes de file risque de perdre près de 3 milliards de dirhams et la société se bat contre des marges ténues et supporte jusqu'à 250 millions de dirhams d'intérêt par an. Othman Benmlih, le DG de Maghreb Steel, s'exprimait récemment dans les colonnes de Challenge à propos de la situation financière de Maghreb Steel. Il a tenu un langage assez clair quant aux difficultés que vit toujours Maghreb Steel, sans pour autant donner de chiffres. Cependant, la société possède un programme d'émission de billets de trésorerie de 1,5 milliard de dirhams, ce qui l'oblige à mettre à jour annuellement son dossier d'information. Cette semaine justement, le CDVM a mis en ligne cette mise à jour qui laisse lire l'ensemble des données financières datées du 31 décembre 2012. Même si on est en mi-septembre, ces chiffres de décembre dernier sont très à propos. En effet, la société n'a pas encore procédé à la restructuration de sa dette auprès des banques. Et, selon les propos même de son directeur général, la situation demeure très tendue, laissant penser que depuis décembre dernier, il n'y a pas de changement positif notable. Les choses se seraient peut-être même détériorées si l'on s'en tient au licenciement de 350 employés sur les deux mille que compte le géant de l'industrie. Maghreb Steel est au bord de la catastrophe. Le premier poste du bilan sur lequel se penchent les analystes est certainement la dette de financement dont le montant était de 2,664 milliards de dirhams, après avoir atteint 2,805 milliards de dirhams en 2011. Evidemment, le remboursement de cette dette a dû peser sur la trésorerie de la société. Mais le vrai problème est surtout au niveau des intérêts. En effet, au total, ce sont plus de 600 millions de dirhams de charges d'intérêt qu'a dû supporter Maghreb Steel, entre 2010 et 2012, soit une moyenne de 200 millions de dirhams par an. En 2012, le résultat financier affiche un déficit de 177 millions de dirhams, contre 85 millions de dirhams. «La dégradation du résultat financier consolidé s'explique par une hausse des charges financières combinée à une baisse des produits financiers», peut-on lire dans le dossier d'information. Et d'ajouter: «en effet, les charges financières augmentent de 16,7% pendant cette période». D'après le management, l'année 2013 devrait consacrer la restructuration de la dette du spécialiste marocain de l'acier plat. Selon les responsables de la société, au cours de l'année 2012, la conjoncture défavorable liée à la crise financière européenne engendre un ralentissement des activités sidérurgiques en Europe ainsi qu'au Maroc. Cette crise se manifeste principalement, d'une part, par les surcapacités de production d'acier en Europe engendrées par la baisse de la consommation principalement dans le secteur de l'automobile, d'autre part, la dégradation des marges des produits de tôle d'acier, ainsi que la hausse des importations au Maroc des produits sidérurgiques d'origine européenne et turque à des prix anormalement bas, contraignant Maghreb Steel à aligner ses prix de vente et réviser ses marges à la baisse. Cette année a aussi été marquée par la dégradation des marges brutes entre les produits finis et la ferraille sur le marché international. «Ce différentiel qui donne une appréciation sur les marges a connu une évolution perturbée depuis 2008, et s'établit actuellement à 250 dollars/tonne», expliquant que «ce niveau de marge engendre une sous-utilisation de l'aciérie électrique». Au final, en 2012 le taux d'utilisation moyen de l'aciérie électrique n'a été que de 20%. Ce contexte combiné à un endettement important de la société est à l'origine des difficultés que connait Maghreb Steel pour faire face à ses remboursements de dette à court et long terme. Pour remédier aux effets néfastes de cette crise sur sa situation financière, Maghreb Steel a signé un protocole d'accord avec les principales banques de la place pour une restructuration financière de sa dette bancaire. Une approche similaire est adoptée avec les porteurs de billets de trésorerie pour restructurer la dette marché.