Le géant de la sidérurgie marocaine s'est trouvé dans l'incapacité de rembourser près d'un milliard de dirhams de dette arrivée à échéance. L'information, qui a commencé à circuler la semaine dernière, a coupé le souffle au marché financier marocain : Maghreb Steel est en situation de cessation de paiement. Quelque 900 millions de dirhams en billets de trésorerie, une dette à court terme, sont arrivés à échéance vendredi dernier... sans que le sidérurgiste n'ait de fonds pour les rembourser. Après séance, ces titres de créances négociables ont été bel et bien remboursés. Selon une source boursière, « quelques banques ont dû mettre la main à la poche, pour éviter la panique des derniers jours avant la clôture des bilans (...) cela dit, Maghreb Steel finira l'année avec une perte qui avoisinerait les 700 millions de dirhams ». Maghreb Steel est déjà très endetté à moyen et long-terme, avec un encours de dette de 2 milliards de dirhams de billets de trésorerie. Si l'insolvabilité du fleuron de l'industrie lourde nationale s'avère profonde et sans issue, l'économie marocaine vivra un réel drame social et économique. L'entreprise familiale, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dirhams en 2011, venait d'ouvrir son nouveau complexe sidérurgique de Mohammedia pour un investissement initial de 5,7 milliards de dirhams. Inaugurée par le roi et employant 2000 employés, cette nouvelle unité de production allait écouler 57 % de sa production en Europe, tout en réduisant l'importation de matières premières, mieux valorisées dans les usines de la filiale du groupe Sekkat. Un an auparavant, dans une interview, le président de Maghreb Steel, Fadel Sekkat, affirmait que la conjoncture internationale a été défavorable à son groupe, tout en restant certain qu'une demande suivra l'extension de son offre. « En juin 2008, les produits de l'acier avaient atteint un prix moyen mondial variant entre 1200 et 1300 $ US la tonne. Aujourd'hui, ils ont chuté à moins de 500 $ US la tonne, ce qui représente une dépréciation des deux tiers quasiment ! Mais je soulignerai que les potentialités du Maroc sont importantes. Le million et demi de tonnes que nous comptons produire est un chiffre très important pour le Maroc, sachant que le pays se caractérise par un très faible pourcentage d'utilisation de l'acier per capita, soit 60 kilos par an et par habitant alors que la Chine par exemple, atteint les 300 kgs per capita. Quant à l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, ils en sont au double de la consommation marocaine», avait-il expliqué. Peu après l'entrée en service de sa nouvelle aciérie, Maghreb Steel clôt les comptes du premier semestre 2012. Dans un communiqué de presse, l'entreprise explique que la baisse à l'international du prix de l'acier a causé la dépréciation de son stock, valorisé à fin 2011 à quelque 2 milliards de dirhams. Cela en plus de retards enregistrés dans le lancement effectif de quelques équipement ayant engendré des coûts fixes supplémentaires. La situation ne semble alors pas s'améliorer, et le retour sur investissement escompté par le groupe Sekkat se heurte aujourd'hui à une conjoncture de plus en plus difficile, à la fois à l'international et au niveau de la demande domestique. Une conjoncture difficile qui a déjà valu au principal concurrent de Maghreb Steel, la Sonasid (filiale d'Arcelor Mittal et de la SNI), d'émettre des profits warnings à ses actionnaires.