Beaucoup de gouvernants, dont les nôtres ont préféré croire que le phénomène inflationniste n'était que conjoncturel. Le fait qu'il ait débuté à la sortie de la crise sanitaire, du Covid-19 et que les circuits de distribution disfonctionnent face à une demande croissante était leur argument et il était conséquent. Même la hausse des prix du pétrole, bien avant la guerre d'Ukraine était expliquée par cette surchauffe passagère. Mais pour une fois, ce sont les cassandres dont l'auteur de ces lignes faisait partie, qui ont eu raison. Dès la fin de l'année dernière, il était clair que nous entrions dans un cycle inflationniste auto-alimenté. Les prix des hydrocarbures ne sont qu'un élément de l'ensemble. Les événements géostratégiques influent sur le processus mais n'en sont pas l'élément déclencheur et c'est un leurre que de penser le contraire. Lire aussi | 27ème salon international de l'édition et du livre. La « fête du livre » ouvre ses portes le 2 juin à Rabat La politique monétaire suivie, partout dans le monde, celle des faibles taux d'intérêt est caduque, c'est même un vrai contresens. L'Espagne est rétribuée à un taux largement inférieur à celui de l'inflation. Aucun système financier ne peut tenir avec une telle distorsion. Rendre le financement à crédit moins cher que le taux d'inflation est juste un non sens économique intenable. Mais si les Banques Centrales résistent, c'est que l'économie mondiale est en phase de démarrage et qu'elle est très fragile. Relever les taux, pourrait être fatal aux entreprises les plus préconisées. Mais la réserve fédérale et la Banque Centrale Européenne ne cachent plus leurs inquiétudes. L'inflation n'impacte pas tout le monde de la même manière. Ceux qui peuvent la répercuter s'en sortent, pas les autres, et ils sont les plus nombreux. Les salariés et les retraités enregistrent une perte de pouvoir d'achat. Dans certains pays, très rares, ces revenus sont indexés sur le taux d'inflation. Ailleurs, c'est à une érosion des moyens de vivre que l'on assiste. Lire aussi | Le CJD consolide son engagement en faveur du développement économique, social, sociétal et environnemental C'est l'une des raisons des conflits sociaux. Dans certains pays où l'intermédiation sociale est inexistante, les syndicats interdits, cela se termine par des émeutes meurtrières, les fameuses jacqueries de la faim. Là où cette intermédiation existe, des grèves massives permettent d'arracher des acquis sociaux. Le discours technocratique est un danger politique parce qu'il oublie cet aspect, celui de l'impact de l'inflation sur les rapports sociaux.