Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, était l'invité du CJD (Centre des jeunes dirigeants) dans le cadre d'une rencontre organisée le 19 janvier 2022. Le Gouverneur de la Banque Centrale a saisi l'occasion pour aborder de nombreux sujets avec les jeunes chefs d'entreprises. C'est une rencontre qui était très attendue. Les jeunes chefs d'entreprises du CJD Maroc ( Centre des jeunes dirigeants) ont invité le Gouverneur de Bank Al-Maghrib à échanger avec eux sur la conjoncture économique du royaume lors d'une rencontre virtuelle organisée le 19 janvier. Très riche en enseignements, cette réunion a permis aux chefs d'entreprises de mieux cerner les enjeux et les choix opérés par le Maroc ces derniers mois en pleine pandémie du coronavirus. Plantant le décor, le président du CJD, Naoufal El Heziti, a notamment mis un accent particulier sur le rôle du CJD qui est centré sur la vie de l'entrepreneur et non sur son business. « Le crédo du CJD, c'est l'excellence humaine », a-t-il assuré. Lire aussi | Le groupe Sedrati met en vente son joyau pharmaceutique Pharmaceutical Institute Il a aussi passé en revue les actions déployées par le centre depuis le début de la pandémie de Covid-19 visant à aider les entrepreneurs à surmonter l'impact de la crise sanitaire, rappelant que le CJD est présent dans 8 villes du royaume. Pour Naoufal El Hezizti, la crise sanitaire est une aubaine pour changer de paradigme. « Nous pensons que l'entreprise est le reflet d'une époque. Avec le digital, la jeune génération qui vient sur le marché attend des entreprises qu'elles soient des porteurs de sens. Pour ce faire, nous avons besoin d'une entreprise basée sur la communauté, le collaboratif, sur la fraternité... C'est-à-dire des entreprises et des entrepreneurs, au sens noble du terme, qui ne sont pas seulement des marionnettes d'un système économique. Nous avons besoin des entreprises qui s'engagent sur le territoire pour avoir un impact demain dans un monde à reconstruire », a-t-il poursuivi. Pour sa part, le Wali de Bank Al-Maghrib a fait remarquer que le monde actuel subit un changement très rapide, avec des ramifications géopolitiques énormes, appelant les jeunes entrepreneurs du CJD à s'intéresser à la politique, car la plupart des changements que subit le monde actuel se décide au sein des parlements. « Il faut faire de la politique, parce que c'est elle qui donne les leviers du pouvoir pour modifier, changer le cours des choses », a expliqué Abdellatif Jouahri. « Avons-nous aujourd'hui un tissu d'entreprises capables de supporter ces changements, capables de supporter cette concurrence qui est en train de s'installer et qui est de plus en plus dure et forte ? », s'est interrogé le Gouverneur de la Banque Centrale, avant de faire observer que le capital humain doit constituer le point de départ dans cette bataille. « Est-ce qu'avec notre système éducatif, nous sommes capables de mener cette confrontation, de gagner ces défis, ces changements qui sont en train de s'opérer ? Non, je ne pense pas. Sur ce plan, nous sommes dans le lot des cinq derniers des classements qui sont faits au niveau international », a-t-il confié. Il a entre autres déploré le fait que le tissu économique est dominé à plus de 90% par des TPE (Très petites entreprises), avec 8 à 9% de PME et 1% de grandes entreprises. Lire aussi | Monétique. L'activité en progression de 17,9% en nombre d'opérations en 2021 « Les grandes entreprises se comptent en centaines, même pas en milliers. Est-ce que c'est ce tissu-là qui est en mesure de faire face aux challenges ? », s'est-il interrogé. Selon lui, la crise sanitaire a davantage fait remarquer ce déficit de structures, ce qui fait qu'à chaque fois qu'il y a une crise, le Maroc est obligé de s'en remettre au budget et à la politique monétaire. « Ce sera difficile de gagner des défis avec des structures de cette taille », a fait observer Abdellatif Jouahri, déplorant le fait que l'informel représente encore 30%. Pour le Gouverneur de la Banque centrale, pour surmonter les défis futurs, il y a besoin d'avoir un tissu économique plus résilient, capable de faire face aux différents changements et aux diverses évolutions liés à la conjoncture internationale. « C'est pour toutes ces raisons qu'il faut que nous rebâtissions notre tissu économique », a lancé le Gouverneur. Il a aussi appelé à mettre en place des outils indépendants d'évaluation des politiques publiques, des stratégies sectorielles, etc. Après le décryptage, les participants ont ainsi partagé leurs diverses préoccupations avec le Wali de Bank Al-Maghrib.