La promotion touristique d'Agadir n'est pas seulement une question de fonds; c'est aussi une affaire d'orientations à mettre en harmonie et une question de bon sens managérial. Challenge Hebdo : le gouvernement vient de formaliser le PDRT (Programme de Développement Régional Touristique) d'Agadir. Il est prévu de booster la capacité hôtelière, notamment avec de nouvelles unités de catégories 4 et 5 étoiles. Pensez-vous que la destination n'a besoin que de ce genre d'établissements ou qu'il faut, au contraire, diversifier le produit ? Salah Eddine Benhammane : le gouvernement vient de formaliser sa vision à moyen terme par le lancement du PDRT et tout le monde s'en réjouit. Ce programme ne prévoit pas uniquement des hôtels de catégories 4 et 5 étoiles; il est prévu également un Palais des Congrès pour faire émerger une nouvelle typologie de clientèle à Agadir. Plusieurs installations d'animation touristique sont également prévues, par exemple un aquapark et des centres de jeux. La Marina sera d'ailleurs ouverte cet été et la ville est en train de finaliser le circuit de sa promenade, dont la première tranche sera terminée aussi cet été. Toutes ces installations permettront à la station d'avoir un meilleur positionnement sur le créneau famille et feront que le «produit Agadir» sera rajeuni et diversifié. C. H. : les pouvoirs publics veulent faire d'Agadir la première destination balnéaire du Royaume vers 2015 et plusieurs milliards de DH sont budgétisés dans cet objectif. Pensez-vous que la promotion d'Agadir se réduit seulement à une question de fonds ? S. B. : Agadir est déjà la première destination balnéaire du Royaume. Pour pouvoir maintenir ce leadership, au moment où l'on assiste à la création de plusieurs stations comme Saïdia, Mogador et la renaissance de Tanger, il est impératif de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour réaliser notre vision telle qu'elle se décline à travers le PDRT. S. B. : le Plan Azur retient, parmi ses grands axes, le développement de la station de Taghazout. Or, il semblerait que l'aménageur ait choisi une stratégie de promotion «verrouillée», peu conforme aux accords initiaux pris avec le gouvernement. Que se passe-t-il donc à Taghazout ? S. B. : d'après nos informations, il semble en effet que l'aménageur-développeur de la station de Taghazout ait choisi une promotion «verrouillée». En termes clairs, il souhaiterait aménager pour son propre compte et ne cèderait donc rien à d'autres investisseurs. Nous ne pouvons pas dire que cette position est non conforme aux accords initiaux puisque nous ne sommes pas au courant de la teneur de ces accords. Mais en tout état de cause, il va falloir aménager d'autres sites au nord ou au sud d'Agadir pour répondre favorablement aux demandes croissantes des autres investisseurs, du moins ceux qui souhaitent s'installer dans la région. Nous croyons savoir que le ministère du Tourisme est en concertation avec les autorités locales et d'autres départements pour la création d'autres sites dans la région. C. H. : quel regard portez-vous sur le tourisme domestique alors que le pouvoir d'achat ne cesse de se développer et que les nationaux deviennent de plus en plus exigeants sur la qualité du service ? S. B. : le tourisme national a toujours fait partie des priorités des professionnels d'Agadir. La preuve ? Cet afflux massif de touristes nationaux pendant les vacances et l'accompagnement des investisseurs sous forme de produits adaptés à la demande de ce marché. Cela se résume essentiellement à des appartements et des résidences. Agadir est pratiquement la seule ville du Royaume à offrir un tel éventail de choix, en termes de logements; un produit réellement adapté au marché marocain, puisque la ville dispose de pas moins de 11.201 lits répartis entre résidences et villages de vacances. Par ailleurs, 17 nouvelles résidences sont prévues à la Sonaba pour un total de 1.800 lits. C. H. : quel rôle l'Association de l'Industrie Hôtelière d'Agadir peut-elle réellement jouer dans l'effort global de promotion touristique de la région ? S. B. : l'association s'active, au sein du Centre Régional du Tourisme, dans toutes les actions promotionnelles discutées et menées en concertation avec tous les intervenants de la région. Elle participe ainsi aux études et au diagnostic des marchés, produits et initiatives promotionnelles à entreprendre. Le groupement est un maillon de la chaîne CRT. Nous y faisons régulièrement des mises au point pour la réalisation d'actions appropriées sur les marchés émetteurs, par exemple, les foires, les workshops... On a d'ailleurs mis sur pied, avec le soutien de Royal Air Maroc et de l'Office National Marocain du Tourisme, un important workshop ciblant la Russie, un marché extrêmement prometteur mais qui reste sous-exploité à ce jour. La Scandinavie aussi est un marché émetteur à fort potentiel pour Agadir. Propos recueillis par