Gros succès pour la 48ème édition du FNAP, le plus ancien des festivals du Maroc, qui avait choisi comme thème « La femme et les Arts populaires » et qui a proposé pour la première fois de partager la scène avec des artistes étrangers. La preuve de l'attachement du public et des artistes pour le patrimoine du Royaume. Il y a moins de trois mois, la Fondation des Festivals de Marrakech avait tiré la sonnette d'alarme pour « sauver » les arts populaires marocains, menacés de disparition. Les responsables de la Fondation s'étaient mobilisés pour trouver des solutions de réhabilitation et sauver le plus ancien des festivals du Maroc, le FNAP (Festival National des Arts Populaires) qui met à l'honneur les arts populaires du Maroc à travers ses musiques, ses métiers d'art et ses produits du terroir, depuis sa création en 1960. « Les effets de l'urbanisation et de la mondialisation ont profondément transformé la société marocaine, expliquait alors Karim El Achak, le président de la Fondation des Festivals de Marrakech, au point de menacer la pérennité de nos arts populaires. Il est urgent de sensibiliser les décideurs, mais aussi les citoyens des menaces qui pèsent sur ce patrimoine et d'agir pour revaloriser ces arts fondateurs de notre culture marocaine », ajoutait-il. Même son de cloche pour Brahim El Mazned, le directeur artistique du FNAP, expert en musique du monde qui criait haut et fort que « les arts populaires étaient en péril, les répertoires de plus en plus pauvres, les femmes de plus en plus absentes des troupes et la relève loin d'être assurée... ». L'appel au secours semble avoir été entendu, puisque le FNAP s'est installé à Marrakech pour sa 48ème édition, dans deux lieux incontournables de la vie artistique de la ville : le palais Badii et le théâtre royal qui ont accueilli 21 troupes, soit près de 300 artistes venus des quatre coins du pays. Et le thème choisi pour ce 48ème FNAP n'était pas anodin : « La femme et les arts populaires ». Au programme du palais Badii, le meilleur de la musique traditionnelle marocaine avec les femmes d'Ahouach Tafraout, la troupe Aissawa de Meknès, la troupe Ganoua de Marrakech ou encore la troupe Haha de Tamanar de la région d'Essaouira. Cinq soirées rythmées par les apparitions et les discours de la célèbre actrice marocaine Zineb Smaiki qui a tenu à rendre hommage aux femmes –plus d'une soixantaine présentes dans les spectacles-, en rappelant le rôle majeur qu'elles ont joué au sein des arts et des traditions populaires du Maroc. Le Théâtre royal a quant à lui mis en scène une dizaine de troupes de musiciens du Maroc mais aussi du monde entier avec des styles musicaux divers passant du Rif au Sahara marocain, du Souss aux montagnes de l'Atlas – le groupe Aïta Jeblia ou la musique amazighe de Rayssa Fatima Tachkoutk- sans oublier d'autres régions hors des frontières marocaines, comme un concert du groupe coréen The Gwandae ou celui de la Compagnie Flamenca Estafania Cuevas sans oublier l'Orchestre National de Barbès qui a fait un tabac. Parmi les mesures qui avaient été décidées pour sauvegarder ce patrimoine culturel, héritage inestimable et bien fragilisé des traditions marocaines, les responsables de la Fondation des festivals de Marrakech ont misé sur le « dépoussiérage » du plus ancien des festivals du Maroc en mettant à l'honneur les femmes et en l'ouvrant à l'international. Ce premier pari semble gagné si l'on en juge par le succès remporté par cette 48ème édition. Le Festival qui a défié, parfois avec peine, l'usure du temps a fait cette année son entrée au « Forum européen des festivals de musique du monde », le réseau international le plus important dédié aux musiques du monde qui chapote des festivals dans une vingtaine de pays. Le FNAP fêtera en 2015 son cinquantenaire avec toutes ses rides, qui sont autant de témoins de la richesse d'un patrimoine immatériel qui a façonné l'identité marocaine.