L e ministre de l'Economie et des Finances est démissionnaire. La logique voudrait qu'il ne traite plus que les affaires courantes. Les dossiers lourds sur son bureau attendront son successeur. Cela va prendre un certain nombre de semaines. Il y a juste une question à se poser : Quid de la Loi de Finances ? Pour tenir les délais constitutionnels, la loi de cadrage devrait être prête dans quelques jours et les arbitrages effectués au courant du mois d'août. Tel que c'est parti c'est impossible. Sauf si le ministre délégué s'en charge avec la primature et que le nouveau ministre prenne le train en route. Ce qui veut dire que le nouveau parti qui intégrera la coalition n'aura pas son mot à dire. Les institutions internationales attendent des réponses effectives sur la Caisse de Compensation, les retraites et la compression de la dépense publique. Elles se font pressantes. Leur avis compte beaucoup parce qu'il conditionne à la fois l'accès au financement dans des conditions supportables et l'afflux des investissements étrangers directs. Question innocente : qu'est-ce qu'on opposera à leur impatience à part l'incurie de nos politiques ? Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, les prix du pétrole repartent à la hausse après une accalmie de plusieurs mois. Cette fois, il n'y a aucun élément objectif à part la financiarisation de ce marché qui explique la hausse. Mais les spécialistes prévoient le maintien de ce trend, son accélération. Selon leurs estimations, on finira l'année avec un baril à 120 dollars US. Nizar Baraka avait chiffré l'impact d'un dollar de hausse à six cent millions de dirhams sur la Caisse de Compensation. C'est une nouvelle diffi culté, exogène celle-là, qui nécessite une réponse rapide soit par une hausse des prix à la pompe, puisque les derniers achats à terme ont été effectués au prix de 108 dollars le baril, soit par la réalisation d'économies sur d'autres lignes budgétaires. Question : l'objectif d'un défi cit budgétaire à 5%, est-il encore réalisable alors que les recettes fi scales sont en chute libre ? Enfin, un rapport de Transparency international arrive à une conclusion chiffrée. Les pays du printemps arabe ont connu une progression de la corruption, alors que les révolutions faisaient de la lutte contre ce fléau leur première revendication. Au Maroc, 56 % des sondés estiment qu'il y a plus de corruption depuis deux ans et 72 % estiment que les mesures prises sont inefficaces. Dans les autres pays, on peut mettre sur le dos de la désorganisation des services de l'Etat, suite aux convulsions politiques, l'aggravation du phénomène. Mais au Maroc ? Le renforcement du rôle du Conseil de la concurrence et de l'Instance de lutte contre la corruption est toujours en stand by, alors qu'il s'agit du point de vue législatif, des mesures les plus fortes pour la lutte contre un phénomène très coûteux. Question innocente : qu'est-ce qui bloque alors qu'il s'agit d'une priorité affichée ? ■