puis que Visa International s'est installé au Maroc, sa politique a changé. De la commercialisation (principalement) de cartes basiques, le groupe passe à la vitesse supérieure en lançant des cartes très haut de gamme. Le marché est demandeur. En 15 ans d'activité, Visa a lancé 1,7 million de cartes sur le marché marocain. Tout au long de cette période, ce sont près de 113.333 cartes qui ont été émises en moyenne chaque année. Depuis septembre 2005, date de l'ouverture du bureau de Casablanca, ce sont pas moins de 800.000 cartes supplémentaires qui ont été commercialisées. Le parc Visa a évolué rapidement. Il atteint désormais les 2,5 millions de cartes. Près de 12% sont des cartes haut de gamme. Ce taux démontre qu'au Maroc, la clientèle bancarisée est en train d'évoluer. Visa estime qu'après une période où il a équipé un nombre important de clients en cartes d'entrée de gamme, le temps est venu pour lui de passer à la vitesse supérieure pour répondre aux besoins d'une clientèle aisée, une clientèle qui veut se différencier. Il n'est pas exclu que l'opérateur lance même pour des clients très privilégiés des cartes «Infinite», dotées d'un plafond équivalent à 500.000 DH par jour. C'est le must de Visa. Ce sont des exceptions aussi. En franchissant ce pas, Visa affiche clairement son intention de vouloir développer le segment du haut de gamme. Plus précisément, il se focaliserait sur les clients qui peuvent disposer de la carte Visa Classique et de la Gold. Ceux qui disposaient d'une Visa Electron passent à la Classique, et ceux qui disposaient de la Classique passent à la Gold... Selon Daniel Paltrinieri, directeur général de Visa International pour la région de l'Afrique du Nord, de l'Ouest et du Centre, il existe un marché pour les cartes haut de gamme même si en quantité, elles ne représentent pas beaucoup. Néanmoins, ceux qui les utilisent réalisent des transactions plus fréquemment que les détenteurs des autres cartes. En plus, ils dépensent davantage. Les segments des «important» mais également des «very important personnality» sont donc dans la ligne de mire du groupe. Visa est en train de faire migrer son parc vers le haut. C'est avec son partenaire Maroc Premium que Visa a lancé les cartes haut de gamme au Maroc. Même celles-ci ne procurent pas à leurs détenteurs la possibilité de les utiliser à l'international, à l'exception des opérateurs économiques (importateurs et exportateurs). A noter au passage que seulement 35.000 cartes Visa internationales sont émises pour l'instant. En fait, la réglementation des changes interdit encore aux résidents de manipuler des devises à l'étranger. Il a donc fallu à l'opérateur réajuster ses produits en fonction de cette contrainte. Parallèlement, Visa essaie de booster l'utilisation -encore très faible- des cartes. En moyenne, un détenteur n'utilise sa carte qu'une fois par an, alors que le Français, lui, l'utilise au moins 107 fois. Visa souhaiterait y remédier en se focalisant non seulement sur les détenteurs des cartes mais aussi sur les commerçants. Aujourd'hui encore, des vendeurs refusent le paiement par carte parce qu'ils préfèrent le cash. Ils évoquent aussi les commissions prélevées sur chaque transaction au profit du Centre Monétaire International. Elles sont nulles chez les pompistes par exemple mais peuvent aller jusqu'à 3,5% chez d'autres commerçants. Avec le CMI, Visa veut changer les mentalités. Des pistes sont en train d'être défrichées pour étendre l'utilisation de la carte dans les commerces de proximité comme les épiceries ou les pharmacies. Si seulement le nombre de transactions par carte passait à 2 annuellement, tout le monde devrait alors y trouver son compte.