Ce n'est plus seulement une question d'alerter le monde quant à la gravité de l'évolution du changement climatique qui s'accélère et s'intensifie. Dans le dernier rapport publié aujourd'hui, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) met, cette fois-ci, entre les mains des décideurs de ce monde, c'est-à-dire principalement les Etats, un guide pratique pour agir avant qu'il ne soit définitivement trop tard. Le rapport dresse un état des lieux récapitulant les centaines d'études scientifiques réalisées depuis 2013 et parues dans des revues scientifiques. En effet, depuis le début de la décennie 2010-2020, les connaissances scientifiques se sont consolidées mais la situation globale s'est aggravée. Car lesdites études ont faiblement nourri les décisions et les actions. Une phrase résume ce travail collectif des scientifiques : «Le changement climatique se généralise, s'accélère et s'intensifie». Le «Résumé pour les décideurs» accompagnant le rapport dresse un constat communément partagé : «l'influence humaine a sans équivoque réchauffé l'atmosphère, l'océan et les terres émergées». La température moyenne de surface est de 1,09°C plus chaude qu'en 1850. La concentration de CO2 dans l'atmosphère atteint plus de 410 ppm, niveau jamais atteint par la planète depuis deux millions d'années. Cette transformation est directement imputable à l'activité humaine. Lire aussi | L'ADA obtient sa réaccréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat Les glaciers se retirent partout dans le monde, la glace arctique décroit fortement, la couverture glacée du Groenland a commencé à fondre, l'acidification des océans est engagée, le niveau des mers s'élève de manière continue. Les «évènements climatiques extrêmes» deviennent plus fréquents : vagues de chaleur, précipitations intenses, sécheresses, cyclones tropicaux. D'après Sonia Seneviratne, co-autrice du rapport, « certains évènements extrêmes comme les canicules ou les fortes précipitations, peuvent désormais être attribués à l'influence humaine ». De 1850 à 1900, une vague de chaleur extrême se produisait tous les 10 ans. Avec un réchauffement climatique de 2°C, les vagues de chaleurs devraient se répéter 5,6 fois tous les 10 ans. Avec 4°C en plus, la répétition des vagues de chaleurs serait de 9,6 fois tous les 10 ans, soit presque chaque année. En ce n'est pas seulement une question de fréquence mais aussi d'intensité. Plus grave est le caractère irréversible de certains changements. Lire aussi | Parution. «Figures de la presse marocaine», un ouvrage que publie la MAP C'est notamment le cas de l'élévation du niveau de mer liée à la fonte des glaciers. C'est aussi le cas du dépérissement des forêts. L'urbanisation favorise les vagues de chaleurs extrêmes rendant les cités côtières plus vulnérables, en les exposant aux déferlements des grandes vagues et aux débordements des fleuves, suite aux précipitations intenses. Le ralentissement du grand courant océanique atlantique expose l'Europe à un asséchement. La menace s'approche. Les experts du GIEC évaluent la durée maximale à 20 ans pour pouvoir éviter le pire. Il est question d'agir immédiatement en limitant les émissions cumulées de CO2 et les émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane. C'est la seule solution. Actuellement, 40 milliards de tonnes de CO2 sont émis chaque année. La réduction des émissions en 2020 due au Covid n'a pas eu d'effet notable (c'est une toute petite récréation) sur la concentration atmosphérique, d'après les experts du GIEC. L'humanité est appelée à changer radicalement son mode de consommation et ses rapports avec la nature. Certaines ruptures sont douloureuses mais nécessaires.