2011 a été l'année la moins chaude depuis 2008 mais reste parmi les plus torrides des trois dernières décennies, avec de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes dans le contexte du changement climatique, selon un rapport publié mardi aux Etats-Unis. La tendance à la montée des températures s'est poursuivie l'an dernier, constate le rapport de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). A la surface du globe, 2011 a compté parmi les 15 années les plus chaudes depuis la fin du XIXe siècle. Mais ce document, qui se penche pour la première fois sur les liens entre le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes, reconnaît que déterminer les causes de ces événements «reste difficile». «Bien que les scientifiques ne puissent pas établir de lien entre des phénomènes climatiques spécifiques en 2011 et le changement du climat avec une certitude absolue, de nouvelles recherches les aident à comprendre comment la probabilité de tels événements météo augmente en réponse au réchauffement», souligne la NOAA. Ainsi ces chercheurs ont déterminé qu'une vague de chaleur comme celle qui a frappé le Texas en 2011 est aujourd'hui vingt fois plus probable durant un cycle de «La Nina» --courant froid du Pacifique-- qu'il y a 50 ans, avant le réchauffement du globe que nous connaissons actuellement. «2011 laissera le souvenir d'une année marquée par des phénomènes météo extrêmes aux Etats-Unis comme dans le reste du monde», a relevé Kathryn Sullivan, directrice adjointe de la NOAA, en présentant le rapport. Les perturbations météo ont surtout été liées à l'apparition du courant froid La Nina à la surface des eaux équatoriales de l'océan Pacifique, caractérisées par une température anormalement basse. Le rapport cite les sécheresses historiques en Afrique de l'Est, dans le Sud-Ouest des Etats-Unis et dans le Nord du Mexique. La Nina a aussi contribué à une saison d'ouragan tropicaux plus intense que la moyenne dans l'Atlantique Nord ainsi qu'à une moyenne saisonnière de cyclones plus basse dans le Nord-Est du Pacifique. Record de chaleur en Antarctique La Nina, qui apparaît tous les quatre à cinq ans et dure d'un à deux ans, est également tenue responsable des deux années de pluies diluviennes (2010-2011) record en Australie. L'Arctique a continué à montrer plus de changements rapides que le reste de la planète en 2011. La banquise a fondu durant l'été, atteignant sa deuxième superficie la plus petite jamais mesurée en période estivale. Globalement, les glaciers sur la planète ont continué en 2011 à se réduire. L'Antarctique a aussi connu le 25 décembre 2011 sa plus haute température jamais enregistrée avec -12 degrés, soit 1,1 degré de plus que le précédent record. Le rapport a utilisé 43 indicateurs pour traquer et identifier les changements et les tendances du système climatique comme la concentration des gaz à effets de serre, le niveau et la salinité des océans ou encore la couverture nuageuse. Ces scientifiques ont constaté que la concentration atmosphérique des principaux gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) avait continué à augmenter en 2011. La concentration de CO2 a franchi pour la première fois les 390 parties par million en volume (ppm) depuis que ces mesures sont effectuées. «Le futur est entre nos mains», a lancé Tom Peterson, climatologue de la NOAA, durant une conférence de presse. «A ce rythme, nous serons à mille ppm d'ici la fin du siècle» si rien n'est fait pour réduire ces émissions, a-t-il ajouté. La salinité des océans a continué à grimper dans les zones de forte évaporation ainsi que la température à la surface de l'eau. Ce rapport, fondé sur deux études menées en coordination avec l'American Meteorological Society, a été réalisé par 378 scientifiques de 48 pays.