Vedettes de la cote pendant plusieurs mois, puis ayant consolidé ensemble tout au long des sept premiers mois de 2007, désormais, Maroc Telecom et Addoha empruntent des voies séparées. Le géant des télécoms y va par petites variations alors qu'Addoha suit la CGI nouvellement introduite. Une fois de plus, Ittisalat Al Maghrib refuse de suivre la tendance générale marquée par une progression plus que forte. C'est un vrai paradoxe auquel tous les analystes de la place de Casablanca s'intéressent. «Maroc Telecom est l'une des entreprises les plus rentables de la place, mais le fait est qu'elle continuera à afficher une progression assez contenue», prévient d'emblée un analyste. Malgré la publication de très bons résultats du premier semestre fin juillet dernier, le titre n'a que très peu varié. Cette semaine par exemple, alors que plusieurs grosses capitalisations affichent une croissance de plus de 5%, Maroc Telecom stagne. D'ailleurs, l'évolution de l'action de l'opérateur historique montre que depuis avril 2006, le titre plafonne autour de 145 dirhams. Aucune autre action n'a eu un sort similaire, même celles qui étaient jadis classées lanternes rouges, comme les petites capitalisations peu liquides. Les autres valeurs comme la BMCE Bank, Attijariwafa bank, ont doublé, voire triplé leur cours. Par exemple, la banque d'Othmane Benjelloun a vu son cours passer de 1000 DH environ à 3100 aujourd'hui. Quant à Attijarwafa bank, le prix de l'action est passé de 1900 DH environ en mars 2006 à 3400 en septembre 2007. Cela soulève de nouveau une question fondamentale. Pourquoi l'une des meilleures valeurs de la Bourse ne profite pas du contexte ? La réponse qui revient sans cesse est sa double cotation à Paris et Casablanca. En effet, si les investisseurs à Casablanca succombent assez facilement à la première hausse en créant une véritable bulle, à Paris la logique est toute autre. Pour Addoha, également, l'évolution fut presque similaire à celle de Maroc Telecom entre janvier et juillet. Au moment où la bourse enregistre une croissance très forte, les deux actions consolidaient tranquillement. Le titre du promoteur immobilier enregistrait même un léger recul de temps à autre. Pourtant, l'une et l'autre faisaient l'objet de recommandations à l'achat de la part des analystes. Une croissance suffisamment significative Addoha avait publié en janvier son nouveau business plan, qui a revu entièrement ses indicateurs de rentabilité à la hausse pour les quatre prochaines années. Par exemple, au moment de son introduction, il prévoyait un résultat net de 1,575 milliard de DH à l'horizon 2010. Mais avec le plan d'affaires de janvier 2007, ce résultat prévisionnel a été porté à 3,6 milliards de DH soit le double. Et à partir de là, les départements analyses des sociétés de bourse de la place ont revu leurs recommandations. Le premier à formuler une recommandation a été Dar Tawfir affilié à CFG Group. Ce dernier conseillait d'accumuler Addoha jusqu'à 3500 DH à long terme. Ensuite, BMCE Capital Bourse a également établi un objectif de cours de 3300 DH. Selon ces différents analystes, plusieurs facteurs justifient que l'ont fasse confiance à Addoha. Pour BMCE Capital, cette entreprise est le leader sur le segment du logement social. «Elle présente des perspectives sectorielles favorables dopées par la croissance économique et l'engagement étatique dans la lutte contre l'habitat insalubre. De plus, elle jouit d'une situation financière confortable, caractérisée par l'importance des fonds propres». Par ailleurs, sa réserve foncière qui était déjà l'une des plus importantes du pays, est renforcée par l'acquisition de 1 315 hectares supplémentaires. Et d'ajouter que, «aujourd'hui, Addoha s'oriente aussi vers le haut standing qui est à plus forte valeur ajoutée». Le promoteur a su nouer des partenariats prometteurs avec des opérateurs de renom. Enfin, «la croissance de la capacité bénéficiaire opérationnelle et de la rentabilité nette est suffisamment significative» pour qu'il puisse satisfaire ses actionnaires du point de vue de la distribution des dividendes. Recommandations immédiates Malgré le côté flatteur de ces recommandations, la place n'avait pas réagi pour autant. L'action valait encore 2800 DH en janvier, et a continué à s'échanger autour de ce prix jusqu'en juillet. Et puis est venue la délivrance, avec l'introduction de la CGI. Aujourd'hui, Addoha s'échange autour de 3600 DH et d'aucuns prédisent 4000 DH ou plus dans peu de temps. Pour Maroc Telecom, les dernières recommandations se font rares, tant la place reste de marbre pour les raisons que l'on sait. Les analystes conseillaient d'acheter le titre jusqu'à 160 DH environ. Mais depuis, on a assisté à quelques changements majeurs. Méditel s'est fait agressif. Wana est venu s'attaquer au segment de la mobilité réduite qui concurrence plus le mobile que le fixe. Cependant, les résultats du premier semestre montrent bien qu'il n'y a aucune raison de se faire un sang d'encre. Le chiffre d'affaires a cru de 19,5%. Mieux encore, l'activité au Maroc se porte comme un charme. L'ensemble des activités a généré un chiffre d'affaires de 12,6 milliards de DH, soit une progression de 8,3%. C'est encore une fois le mobile qui sert de moteur de croissance au Maroc grâce aux 7,9 milliards de DH dégagés à la suite d'une croissance de 17,1% par rapport au premier semestre de l'année écoulée. Le mobile est boosté par le nombre de clients qui ont atteint 11,7 millions, en hausse de 31,3%. L'opérateur avait aussi rassuré sur la sécurisation de ses investissements en Afrique, qui constitueront un véritable pôle de croissance dans les années à venir. Malgré ces éléments plus que prometteurs, le titre poursuit son évolution de faible amplitude. Et tant que Casablanca continuera de s'aligner derrière Paris, il serait hypothétique de s'attendre à un changement de tendance.