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L'Espagne fait les frais de la querelle diplomatique avec le Maroc [Presse espagnole]
Publié dans Challenge le 25 - 06 - 2021

Avec l'exclusion de ports espagnols de l'opération Marhaba 2021, de nombreux médias ibériques ont lancé ces derniers jours, une série de reportages sur les répercussions économiques de cette situation sur les villes et surtout les opérateurs concernés.
L'Espagne, qui représente le plus gros volume des voyageurs MRE, vit une situation délicate suite à cette exclusion. Le média espagnol « La Razon » avait évalué le manque à gagner global du boycott des ports espagnols à 1,15 milliard d'euros. Ce montant couvre principalement des dépenses liées aux frais d'hôtels, aux achats de nourriture, de billets de ferry, de stations-service... El Confidencial a, dans ce sens, publié ce vendredi un reportage sur l'impact ravageur de cette fameuse exclusion des ports espagnols par le Maroc.
Parmi les victimes de cette crise figure la station-service de La Maya, à titre d'exemple. L'impact est en effet très saisissant au niveau cette petite structure qui, autrefois, écoulait 150 sandwichs au thon et à la tomate au cours d'une journée d'été normale. Chaque semaine, plusieurs caisses de ce produit arrivaient, et disparaissaient en quelques heures lorsque les Marocains passaient par là, en route vers le port d'Algésiras. Mais, ce mercredi, ce n'était pas le cas dans cette station-service de la province de Salamanque où la mévente s'est installée. « Regardez ! Nous avons dû baisser le prix à un euro parce qu'il ne reste plus grand-chose avant leur date d'expiration », explique Lorenzo Colomo, propriétaire d'un complexe commercial.
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« La situation a été mal gérée diplomatiquement parlant, et des gens qui n'ont aucune idée de ce qu'ils faisaient se sont mis en travers », a récemment déclaré Jose Ignacio Landaluce, maire d'Algesiras, en faisant référence à l'accueil par l'Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, dans un hôpital de Logroño. Les opérateurs du secteur maritime d'Algesiras ont d'ailleurs estimé que les compagnies maritimes et les entreprises associées perdront environ 500 millions d'euros, d'autant plus que cette ville était le principal point de passage d'une grande partie des 3,34 millions de Marocains qui avaient participé à l'opération Marhaba de 2019.
« C'est une très mauvaise nouvelle pour tout le monde », explique Nacho Rabadán, directeur général de la Confédération espagnole des entrepreneurs de stations-service. « Si en 2019, 740.000 véhicules ont transité par l'Espagne, nous en attendions davantage en 2021, car de nombreux Marocains d'Europe n'ont pas vu leur famille depuis deux ans. C'est une très mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les Marocains auraient dépensé, au moins, 85 millions d'euros sur les routes espagnoles. Une grande partie de cet argent aurait été consacrée à l'autoroute de la Ruta de la Plata ».
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Ces dernières années, l'A-66 a pris de l'importance devenant la route privilégiée de milliers de Marocains pour rentrer dans leur pays pendant l'été. Beaucoup de ceux qui viennent de Belgique ou de France traversent la frontière et se ravitaillent à Irun, où le carburant est moins cher qu'en France, continuent jusqu'à Burgos et, au lieu d'emprunter la A-1 pour passer par Madrid, se dirigent vers Salamanque, où ils choisissent la A-66. Bien sûr, ils doivent parcourir plus de kilomètres pour atteindre le port d'Algesiras et traverser le détroit de Gibraltar, mais les routes sont moins encombrées et surtout il n'y a pas de points de péage.
À moins de 15 kilomètres du bar de Liseria, à la Cruce de Arapiles, une propriétaire de restaurant se lamente sur les pertes que vont subir ses deux restaurants. « Si les Marocains ne viennent pas, nous allons perdre 30% de notre chiffre d'affaires cet été », dit-elle. Inma, comme toutes les personnes interrogées, décrit un été « ruineux » qui, ajouté à la catastrophe économique de la pandémie, pourrait porter un coup définitif aux établissements commerciaux de cette route.
Les milliers de Marocains qui empruntent chaque année la route A-66 en profitent pour s'approvisionner en produits, qu'ils apportent à leur famille au Maroc ou qu'ils rapportent chez eux en Europe. Les stations-service ont cessé de vendre du miel, dont elles tiraient une généreuse marge. Les propriétaires de restaurants et d'hôtels sont convaincus que c'est bien eux qui devront payer le prix des représailles de la querelle diplomatique entre le Maroc et l'Espagne.
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Même son de cloche à la station-service d'Aldeanueva del Camino, dans le Nord de l'Estrémadure, où se trouve un stand de vente de billets pour le ferry d'Algesiras, fermé depuis deux ans. Les travailleurs de cette station-service se demandent si, en cas d'ouverture de la ligne Tanger-Portimao, les Marocains continueraient à rouler sur l'A-66 ou s'ils préféreraient plutôt Ciudad Rodrigo pour rejoindre les routes portugaises. L'économie espagnole continue donc de pâtir des conséquences de la querelle diplomatique et politique. Personne n'est épargné.


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