Le Plan Maroc vert a permis au Maroc d'améliorer ses acquis en matière agricole, mais la question de la sécurité alimentaire reste quotidienne et permanente. « Faire prospérer l'agriculteur quelle que soit sa taille, tout en répondant aux exigences des consommateurs, quels que soient leurs budgets». C'est, en substance, la problématique qu'a posée la 6ème édition des Assises de l'agriculture qui avait pour thème : «agri-business et sécurité alimentaire, une meilleure valorisation du potentiel agricole». Autour de deux tables rondes, des intervenants triés sur le volet ont échangé leur point de vue sur cette question fondamentale qui préoccupe désormais l'ensemble des nations de la planète depuis la crise de 2008. L'Espagnol Miguel Moratinos, ancien ministre des Affaires étrangères de son pays, est intervenu pour le compte du Qatar national food security program (QNFSP). Selon lui, avec deux jours d'autonomie d'eau seulement et 90% des biens alimentaires importés, «le Qatar est bien placé pour faire de la sécurité alimentaire une question de survie, malgré ses immenses réserves pétrolières». C'est pourquoi, l'émirat a créé une Alliance globale des zones arides qui permet aux membres d'échanger leur expérience, de mutualiser la recherche et de se porter mutuellement assistance. Evidemment, Moratinos s'est bien passé de rappeler que le Qatar dans cette alliance loue les terres des pays aux revenus faibles, basés surtout en Afrique. Les ONG, ainsi que certains organismes internationaux ne cessent de dénoncer une telle pratique. Mais cela montre clairement le niveau stratégique qu'a atteint la question alimentaire. Une question de productivité SM le Roi Mohammed VI, a présidé, ce 22 avril à Sahrij Souani à Meknès, la cérémonie d'ouverture de la sixième édition des Assises de l'Agriculture, en présence du président gabonais, Ali Bongo Ondimba. Allant dans un tout autre sens, Mostafa Terrab, président d'OCP, Group et Namanga Ngongui, ex-directeur général de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) se sont fait les avocats d'une agriculture plus productive en Afrique. Pour Terrab, «l'Afrique fait partie de la solution et non pas seulement du problème». Selon lui, d'ici 2050, sa population devrait doubler, alors qu'aujourd'hui 90% des terres arables africaines ne sont pas exploitées. De plus, les engrais sont très peu utilisés et il y a très peu d'investissement. C'est pourquoi, quelques efforts suffiraient à faire du continent un des greniers du monde. «OCP a d'ailleurs dédié une partie de ses capacités de production actuelles au Continent», a dit un Mostafa Terrab, convaincu que le futur de l'agriculture sur le continent ne peut être que rayonnant. Allant dans le même sens, Namanga Ngongui a expliqué que la «clé du succès de l'agriculture est la professionnalisation des acteurs aussi bien dans la production que la commercialisation». En plus de la faible utilisation d'intrants, l'accès difficile au financement, les infrastructures défaillantes et le manque d'initiatives politiques font partie des principaux maux. C'est pourquoi l'initiative AGRA a été lancée par les fondations Rockefeller et Bill&Melinda Gates pour faciliter notamment l'accès au financement. Mais dans tout cela, où se positionne le Maroc, sur la question de la sécurité alimentaire. C'est Namanga Ngongui lui-même qui dit avoir sillonné le Royaume qui répond, en affirmant que le Royaume est bien entendu sur la bonne voie. Selon lui, il y a une volonté du gouvernement qui s'est matérialisée par les mesures concrètes du plan Maroc Vert. «Les chiffres sont justement la meilleure illustration de la réussite de la politique gouvernementale au cours des cinq dernières années, entre 2008 et 2012», selon Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et des pêches maritimes. Les superficies cultivées ont augmenté de 750.000 hectares, soit une progression de 11%». Le niveau de mécanisation est passé de 5 à 6,8 tracteurs pour mille hectares, soit une augmentation de 36%. De même, la productivité industrielle est aussi en forte amélioration comme le confirme la hausse de 8% de la valeur exportée des produits manufacturés. Et pour le consommateur, quand les prix internationaux des denrées alimentaires augmentent de 33% dans le monde, au Maroc on ne constate qu'une progression de 13% selon Aziz Akhannouch qui cite les données de la FAO. Mais pour lui, la question de la sécurité alimentaire, doit être appréciée surtout dans sa globalité. Cela suppose qu'il est possible de se permettre des déficits sur certains produits agricoles, tout en maintenant sa compétitivité sur d'autres. Il faut, néanmoins, que les déficits ne concernent pas des produits de base comme le blé ou le riz pour lesquels il est crucial d'avoir un contrôle sur les prix.