L es dernières pluies sont très importantes. Le taux de remplissage des barrages a atteint un niveau très satisfaisant. Cela signifie que les fruits et légumes seront disponibles à des prix bas, ce qui n'était pas le cas en automne, et que les exportations connaîtront une augmentation en volume. Automatiquement, le taux de croissance évoluera à la hausse. Il faut bien évidemment s'intéresser plus au taux de croissance hors agriculture, car plusieurs secteurs industriels sont en grande difficulté. Mais l'effet psychologique est important. Les Marocains, majoritairement d'origine terrienne, sont optimistes et consomment plus dès que la perspective d'une bonne saison agricole est là, même quand ils n'ont plus d'attache avec l'agriculture. C'est un fait peu quantifiable mais réel. L e gouvernement a pris cette semaine deux décisions qui ne relèvent pas du législatif, mais vont dans le bon sens. La première concerne le sauvetage de Maghreb Steel. Cette entreprise est un fleuron industriel en difficulté actuellement, comme nous avons été les premiers à l'annoncer. Le secteur bancaire a consenti à un rééchelonnement, alors qu'il s'agit de créances importantes. Mais l'entreprise a besoin de moyens pour soutenir son activité, en attendant la reprise sur le marché européen. Nizar Baraka a actionné le fonds de soutien à l'investissement, à hauteur de 100 millions de dirhams pour venir en aide au groupe Sekkat. La seconde mesure c'est l'action de défense commerciale, pour le secteur du papier, fortement menacé par une concurrence déloyale. Ce sont deux actions qui laissent à penser que l'exécutif est conscient des enjeux et des menaces sur l'outil productif. Cela incite à croire qu'une vraie politique industrielle est peut-être en gestation. O n annonce un nouveau constructeur automobile au Maroc. Cela conforte la réussite de cette filière, les équipementiers nationaux étant devenus compétitifs au niveau international. L'Etat, l'OCP, les banques arrivent à se financer à l'étranger à des taux très faibles, alors que le système financier est en crise. Nous sommes donc en situation de crédibilité réelle de l'économie marocaine et il faut le souligner comme un atout. Cependant, cela ne nous dispense pas de mener d'urgence les réformes nécessaires, essentiellement celles de l'éducation et de la justice. La concurrence, tant pour les IDE que pour le financement sera plus dure dans les années à venir, dès que les pays arabes et africains auront retrouvé la stabilité politique. ■