L'Etat s'endette. Il en est de même des entreprises et des ménages. Si les emprunts étaient destinés principalement aux investissements créateurs de valeur ajoutée et d'emploi, l'endettement aurait pu être justifié et accepté. Mais, aussi bien au niveau de l'Etat qu'au niveau du secteur privé, les investissements connaissent globalement une tendance à la baisse. De quoi être sceptique. Par rapport à la loi de finances (LF) de l'année 2020, l'investissement de l'Etat devrait connaître, d'après le projet de LF de l'année 2021, une baisse de presque 10%, en passant de 85,73 milliards de DH à 77,20 milliards de DH. C'est aussi le cas des collectivités territoriales pour lesquelles les comptes spéciaux du Trésor correspondants, ont connu une baisse de presque 20% dans la LF rectificative de l'année 2020 et de presque 5% dans le projet de LF-2021 par rapport à la LF-2020. Lire aussi | Bourse : les secteurs et actions qui résistent à la crise du coronavirus Le secteur privé, dominé grosso modo par quelque 500 grandes entreprises au niveau national (déclaration récente du Wali de Bank Al-Maghrib au parlement), semble être aussi en « hibernation économique ». Ainsi, de janvier à fin septembre 2020, les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca ont mobilisé un montant global d'investissement de 8,1 milliards de DH, soit une baisse de 13,5% par rapport à la même période de l'année 2019. Et presque 70% de ce montant provient de trois grandes entreprises : Maroc Télécom, Managem et Taqa Morocco, avec respectivement, 25%, 23% et 21,2%. Le reste provient surtout des entreprises de l'industrie agroalimentaire (7,4%) dont Cosumar. Un examen plus détaillé des investissements engagés au cours des 3 premiers trimestres de l'année en cours permet de constater qu'il s'agit souvent de maintenance et de mise à niveau. L'investissement recherche et développement (R&D) est quasi inexistant dans le secteur privé. C'est aussi le cas du secteur public où l'Etat a prévu, dans le PLF-2021, une modique somme de 22,5 millions de DH pour le « Fonds national de soutien à la recherche scientifique et au développement technologique », soit 0,02% du montant total prévu au profit des comptes spéciaux du Trésor (93,38 milliards de DH). Lire aussi | Financement : la CGEM et la CCG lancent un nouveau service au profit des entreprises Mohamed Benchaâboun a rejeté un amendement proposé par les représentants de la CGEM au sein de la chambre des conseillers et visant à encourager fiscalement l'investissement des bénéfices en R&D. Le ministre des Finances a justifié ce rejet par sa préférence à un « appui financier direct ». Pour l'instant, le PLF 2021 ne prévoit aucun appui financier ni direct ni indirect.