Le titre Maroc Telecom cristallise l'attente des investisseurs sur la Bourse de Casablanca. Grâce à de petits gains quotidiens, le cours du début de l'année a augmenté de près du quart. Cette performance semble liée, en partie, à l'attente d'un résultat largement supérieur aux prévisions. De plus, dans les moments de doute, l'action Maroc Telecom est une véritable valeur-refuge. Le fait que l'indice global dépasse la barre des 14.000 points s'explique en bonne partie par la progression de Maroc Telecom depuis le début de l'année. L'action Itissalat Al Maghrib a en effet clôturé la séance du jeudi 14 février à 180 DH, soit un maximum jamais atteint. Depuis le début de l'année, Maroc Telecom cumule une performance de près de 23%, alors même que le reste de la place affiche une performance moitié moins importante. C'est donc lui le véritable moteur de la croissance, vu son poids important dans l'indice global. En effet, Maroc Telecom continue de peser plus de 17,8% dans le MASI flottant et explique donc au moins près de deux points de pourcentage des 11% de gains. Etant donné que les analystes avaient tablé sur un cours théorique de 164 DH environ, la place s'attendait à une consolidation autour de cette valeur, mais visiblement, la croissance se poursuit. Cela peut s'expliquer par deux éléments différents. La publication des chiffres de l'Agence Nationale de Régulation des Télécommunications (ANRT), il y a deux semaines, a été une véritable confirmation de l'état de santé du secteur des télécommunications et de l'opérateur historique en particulier. En effet, le secteur enregistre une croissance de 25% avec plus de 20 millions de clients, aujourd'hui. Mais mieux encore, Maroc Telecom n'enregistre pas de baisse de parts de marché clients, avec 66,5% des abonnés, contre 33,5% pour Méditel, le second opérateur. C'est dire si en 2007, bien que la concurrence se soit renforcée, Maroc Telecom a continué à enregistrer des performances commerciales, lesquelles sont d'ailleurs confirmées par la publication des récentes réalisations de Vivendi. Par ailleurs, sa maison-mère Vivendi a publié son chiffre d'affaires 2007 qui connaît une forte croissance, ce qui a permis de se faire une nette idée de la contribution de Maroc Telecom aux réalisations du groupe. Ainsi, les ventes, qui s'élèvent à 21,657 milliards d'euros, ont connu une croissance de 9,7% à taux de change constant, alors que les analystes tablaient en moyenne sur 21,63 milliards. Pour le quatrième trimestre 2007, le chiffre d'affaires de Vivendi s'est élevé à 6,014 milliards d'euros, en hausse de 10,5% à taux de change constant. Un moteur de croissance pour Vivendi Pour Maroc Telecom, les nouvelles sont d'autant plus bonnes qu'il constitue, avec Vivendi Games, le principal moteur de croissance du groupe. En effet, le chiffre d'affaires de SFR s'est établi à 9,018 milliards d'euros, ne progressant que de 3,9%. Alors que les ventes de Maroc Telecom sont ressorties à 2,456 milliards, enregistrant la seconde meilleure performance du groupe, avec une amélioration de 19,6%. Enfin, Vivendi Games a dégagé un chiffre d'affaires de 1,018 milliard, en hausse de 26,6%. Avec de tels chiffres, il y a de quoi confirmer les perspectives de résultats de Vivendi, mais aussi de Maroc Telecom. En 2006, la contribution de la filiale marocaine s'est approchée du quart des cash-flows de Vivendi ! C'est dire si tout nous amène à penser que Maroc Telecom a fait mieux que durant le premier semestre 2007, qui avait déjà dépassé les attentes. En effet, malgré la concurrence, le chiffre d'affaires organique s'était amélioré de 8,3% durant les six premiers mois de 2007, atteignant 13 milliards de DH. Mais le mérite de Maroc Telecom dépassait le seul cadre commercial, puisque les charges avaient aussi été maîtrisées. Maroc Telecom avait alors réalisé un résultat d'exploitation de près de 6 milliards de DH, enregistrant une progression de 33,6%. Enfin, le résultat net part du groupe avait été de 3,9 milliards de DH, enregistrant une hausse de 28%. Pourtant, ce sont de tels résultats qui avaient servi de base aux différentes évaluations des sociétés de bourse. Mais aucune d'elles n'avait anticipé la croissance que vient d'enregistrer l'action Maroc Telecom. Toutefois, ce que l'analyse des flux futurs n'avait pas réussi à faire ressortir, l'étude graphique l'avait peut-être prévu puisque, dans une récente étude, BMCE Capital Bourse prévoyait le cours actuel de 180 DH comme étant le prochain objectif de cours, alors que le titre avait atteint 170 DH. C'est très loin de ce qu'elle avait prévu en septembre dernier grâce à la méthode des discounted cash-flows (DCF), qui ressortait un cours théorique de 135 DH seulement. Quoi qu'il en soit, à moyen terme, cette même société de bourse estime que le cours pourrait atteindre 210 DH, après avoir consolidé autour de 180 DH. Selon BMCE Capital, qui avait réalisé en septembre dernier ses prévisions sur la base des attentes des dirigeants de Maroc Telecom, la rentabilité opérationnelle de Maroc Telecom devrait se maintenir en 2007 à 44,4%, profitant notamment d'une meilleure maîtrise des charges opératoires (baisse du CCPU du fait de l'effet d'échelle). Or, les prévisions sont largement dépassées, d'après les résultats rendus publics par Vivendi. Le chiffre d'affaires s'est apprécié de près de 20% contre une prévision de 16%. A l'international, on anticipe un redressement rapide des nouvelles affaires reprises au Burkina Faso et au Gabon. A signaler, à cet effet, que la Cour suprême gabonaise a tranché en faveur de Maroc Telecom en ce qui concerne la demande de certains salariés de suspendre la privatisation de Gabon Telecom. Poursuivant sa politique de développement en Afrique de l'Ouest, l'opérateur historique marocain est également candidat à la privatisation d'autres opérateurs africains. En revanche, les débuts timides de Mobisud en France et en Belgique laissent planer des doutes sur la pertinence stratégique d'un tel investissement, notamment au regard des performances plutôt mitigées des opérateurs virtuels dans l'Hexagone.