Alors que le système de santé de la capitale économique vit des heures des plus difficiles à cause de l'explosion des cas touchés par le Covid-19, la Région de Casablanca-Settat planche sur le lancement d'un nouveau Centre Hospitalier.... mais qui est plutôt destiné aux personnes morales relevant de son territoire. Une mesure des plus louables alors que les effets néfastes de la pandémie du coronavirus s'abattent également sur les agents économiques... vraisemblablement de façon plus inquiétante. Reste à voir comment cela va-t-il se décliner concrètement. Casablanca aura bientôt un nouveau Centre Hospitalier. Mais cette fois-ci, ce n'est pas un deuxième CHU (Centre Hospitalier Universitaire) dont il s'agit, bien qu'il soit des plus opportuns par les temps qui courent où le système de santé de la capitale économique est au bord de la rupture. En effet, selon de sources bien informées, le Comité Régional de Veille Economique (CRVE) de la Région Casablanca-Settat planche actuellement le projet de création d'un Centre Hospitalier de l'Entreprise (CHE). Un projet qui s'inscrit dans le sillage de l'application de la loi n°47.18, promulguée en 2019, et qui investit notamment les Centres Régionaux d'Investissement (CRI) de trois missions principales à savoir l'accompagnement des PME (de différentes formes), l'impulsion économique et l'enrichissement de l'offre territoriale de l'investissement et, enfin, l'assistance dans le règlement des différends. Pour l'instant, rien ne filtre sur le schéma d'intervention de ce CHE ni sur son mode de fonctionnement, lesquels sont toujours en cours d'ajustement par les limiers des organes décisionnels concernées. Mais le principe consiste à regrouper autour d'un Pôle intégré un ensemble de prestations d'accompagnement à l'endroit des chefs d'entreprises domiciliées à Casablanca et sa région. Et cette fois-ci, contrairement à ce qui se faisait jusqu'alors sous la houlette du CRI de Casablanca, les experts qui seront mobilisés au chevet des acteurs économiques ne se limiteront plus à aider l'entrepreneur lors de la phase de la naissance de son projet (notamment à travers le fameux guichet unique) mais tout au long de la durée de vie de celui-ci. L'objectif est de prodiguer au patient Entreprise un diagnostic complet quel que soit son âge. Une sorte de bilan de santé multidimensionnel qui permet au chef de l'entreprise d'identifier à tout moment les zones de risques auxquels est confrontée sa société et son potentiel de développement. Mais, on ne sait pas encore si le futur CHE s'attèlera également à administrer des remèdes ou autrement dit, à proposer une pharmacopée corrective pour juguler les risques identifiés et/ou exploiter au mieux les opportunités qui s'offrent à l'entreprise au vu de ses atouts intrinsèques et de ses contraintes imposées par son environnement. Lire aussi | Rentrée scolaire : Saaïd Amzazi déconstruit les « préjugés » On ne sait pas non plus si par les temps de crise sanitaire que traverse le pays et ses conséquences économiques désastreuses (ce qui augure d'un embouteillage certain au niveau de l'établissement de soins nouveau genre à mettre en place !), les futurs experts économiques en blouse blanche de la région la plus riche du pays (en représentant près du tiers du PIB) seraient davantage dans une pratique militaire de la médecine ou opteraient-ils plutôt pour une approche civile de la discipline d'Hippocrate ! Ou autrement dit, vont-ils prioriser les blessés légers susceptibles de revenir rapidement au combat ou, à contrario, accorder un droit de Promantie (comme celui accordé par les grecs anciens pour consulter en priorité la pythie de Delphes) aux blessés graves (principe de médecine non militaire), ce qui est susceptible, pour les personnes morales concernées, de se traduire en enterrement massif d'emplois. Quoi qu'il en soit, cela devrait se faire en intelligence avec le tribunal de commerce, le seul habilité selon le livre V du Code de Commerce à nommer un conciliateur ou un syndic pour accompagner le chef d'entreprise et trouver une solution aux difficultés traversées par son entreprise qui mettent en péril sa pérennité... en contrepartie d'une « bulle de protection juridique » contre ses créanciers. Lire aussi | La CJEM revendique un statut juridique et fiscal clair Rappelons qu'en en concertation avec les différentes parties prenantes, le CRVE Casablanca-Settat a traité, dans un premier temps, quelques 365 recommandations pour relancer l'économie de la région au sortir de la crise du Covid-19. Mais après un travail sans relâches des différents groupes de travail publics-privés mis en place sous l'égide du CRI, seules une vingtaine de mesures devraient être retenues et opérationnalisées. A suivre.