Docteur en médecine génétique, spécialiste en cytogénétique classique et cytogénétique moléculaire, Abdelhafid Natiq a fait de sa passion une profession qui lui a toujours donné entière satisfaction. Il nous livre à travers cet entretien, son appréciation sur le rôle majeur que joue dans ce contexte de crise sanitaire, l'Institut National d'Hygiène. Challenge : À l'heure où la progression du virus a tendance à s'infléchir, que retenez-vous de ces derniers mois écoulés durant lesquels la communauté médicale dans le Royaume a été mise fortement à contribution ? Abdelhafid Natiq : Effectivement, de nombreux médecins, techniciens de laboratoire, scientifiques, infirmiers, secouristes ont eu à cœur de mener à bien leur mission ; à savoir prodiguer les meilleurs soins tout en accompagnant du mieux possible leurs patients, et en bravant les dangers liés à la contamination. À vrai dire, cette communauté scientifique et médicale mérite qu'on lui tire un grand coup de chapeau pour son engagement. En espérant cependant que dans les mois à venir, nous pourrons reprendre goût à une vie un peu plus normale, car il faut l'avouer, nous sommes, pour la plupart, sur les rotules. Challenge : L'Institut National d'Hygiène, dans lequel vous œuvrez au sein du département de génétique médicale, est également au-devant de la scène depuis le début de l'épidémie. Quel est à ce jour l'état d'esprit de toute l'équipe ? L'état d'esprit y est toujours bon, malgré le manque de sommeil. J'en profite pour rendre un hommage appuyé à l'Institut National d'Hygiène (INH), au staff technique, au staff administratif et à toutes les capacités humaines et scientifiques qui composent l'ensemble des laboratoires. Elles ont redoublé d'efforts depuis le commencement de la crise, effectuant un peu plus de 2 500 tests de dépistage par jour et se sont toujours engagées à donner le meilleur d'elles-mêmes avec professionnalisme, mais aussi avec fierté pour notre pays. Challenge : Précisément, quelles sont les missions exactes de l'INH au cours de cette crise du Covid-19 ? L'INH, qui est sous la tutelle du ministère de la Santé, constitue l'organe de référence en matière de biologie médicale et environnementale. C'est une instance qui œuvre depuis 1930 et qui entend garantir une prise en charge efficace des problèmes de biologie médicale classique et spécialisée dans le Royaume. Concrètement, l'Institut assure l'appui technique et scientifique des différents programmes de santé publique. Il garantit de nombreuses prestations de services et d'expertise en matière de biologie médicale et de santé environnementale, via le réseau national des laboratoires de santé publique. Sans compter qu'il contribue à la formation et à la réalisation d'études et de travaux de recherches en matière de santé, en partenariat avec des organismes nationaux et internationaux. Sachez qu'aujourd'hui, l'INH a mis en place dans le Royaume plus d'une quinzaine de laboratoires spécialisés en RT-PCR répartis sur le territoire national. Challenge : L'INH qui dispose également de laboratoires itinérants ? Tout à fait ! Le premier laboratoire itinérant a été mis en place en 1955 par l'INH. Un deuxième laboratoire de proximité a vu le jour cette année, entièrement conçu par une équipe de l'INH. Il s'agit d'une convention entre le ministère de la Santé, l'INH et une association, à savoir la Société Marocaine de Médecine et de Solidarité. Des laboratoires de proximité qui nous permettent d'effectuer du diagnostic de proximité, notamment dans des espaces à risques où l'on retrouve une forte concentration de personnes, comme les souks, les véhicules de transport en commun et tous les espaces où il y a un fort regroupement. Challenge : On a senti un certain relâchement de la population en matière de sécurité sanitaire. Quelles seraient vos recommandations pour l'inciter à faire preuve de vigilance ? D'abord, respecter les indications des autorités sanitaires locales qui recommandent notamment le port du masque, se laver régulièrement les mains et effectuer les gestes barrières. Nous sommes toujours en confinement, il est donc préconisé de rester chez soi. Malheureusement, certains de nos compatriotes ne sont pas conscients du danger qu'ils encourent, mettant aussi en péril la santé de leurs proches, sachant que le virus est toujours actif. Les populations qui ont fait reculer l'épidémie, sont celles qui ont manifesté de la rigueur et de discipline quant à l'application des gestes barrières dans leurs pays. Le Maroc a fait beaucoup d'efforts pour justement préserver sa population, ce qui a été salué à l'international. Il faut toujours rester en état d'alerte de manière à faire reculer autant que possible le virus. Ce qui nous permettra d'amorcer dans les meilleures conditions, la phase de déconfinement. Lisez gratuitement Challenge en version PDF en cliquant sur le lien suivant : https://emag.challenge.ma/745/mobile/index.html