Abdelkader Amara et Miriam Sapiro, lors de la signature à Washington, d'un accord de facilitation des échanges commerciaux entre le Maroc et les Etats-Unis. Profiter plus des accords de libre-échange tout en sauvegardant le secteur privé marocain, en référence aux lois et règles régissant le commerce, voilà le nouvel ordre du commerce extérieur marocain. Au fil des dernières décennies, le Maroc a signé à tour de bras des Accords de Libre- Echange (ALE). Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que cette ouverture ne lui a pas forcément été bénéfique, qu'elle soit avec les pays occidentaux ou même arabes. Mais à ceux qui pensent que le Maroc peut rebrousser chemin, le chef du gouvernement retire tout espoir. «Il n'est plus question de revoir nos accords de libre-échange ni de remettre en cause notre politique de libéralisation», lâche Abdelilah Benkirane. Selon El Aïd Mahsoussi, Secrétaire général du ministère du Commerce Extérieur, ce ne sont pas les accords qu'il faut remettre en cause. «Si on analyse le contenu des ALE d'une façon générale, je suis convaincu que nous avons obtenu énormément d'avantages», explique-t-il. Et de poursuivre, «malheureusement, nous n'avons pas pu les exploiter à cause de tous les problèmes liés à la compétitivité de l'offre exportable. Dans ce sens, nous ne pouvons pas reprocher à nos partenaires le fait d'avoir exploité ce que nous leur avons concédé». Pour le Secrétaire général du commerce extérieur, la solution pour la balance commerciale marocaine passerait par une offre améliorée en termes de quantité, de qualité et d'adaptabilité par rapport aux besoins des marchés cibles. Car, la demande extérieure étant en perpétuelle mutation. Il est indispensable pour le Maroc de pouvoir suivre la tendance. Des études internes au département du commerce extérieur ont démontré théoriquement, que dans un scénario de la complétude de la réalisation des stratégies sectorielles, dans le cadre d'une meilleure exploitation des ALE, le déficit commercial peut être réduit jusqu'à 75% si ce n'est plus. Bien évidemment, ceci reste théorique. Car, au-delà de la probabilité de l'exécution de toutes les stratégies sectorielles lancées qui dépendent fortement des affaires internes, l'exploitation des opportunités dépend de plusieurs facteurs exogènes que le Maroc ne maitrise pas toujours. Quoique, les autorités de tutelle tentent autant que possible de rectifier le tir. «Nous nous sommes réunis il y a quelques jours avec notre partenaire américain pour évaluer notre ALE et les problématiques qui se posent dans le cadre de son exécution», tient à préciser Abdelkader Amara. «Le Maroc a exprimé sa volonté d'atteindre 3 milliards de dollars d'exportations et 1 milliard de dollars d'investissements américains au Maroc», a-t-il précisé. En voilà une action concrète. Il ne reste plus qu'à préciser les contours de ces objectifs d'une manière pragmatique et tangible. Le ministre affirme que la même démarche sera menée auprès du partenaire historique du Maroc, à savoir l'Union Européenne. Ceci reste, toutefois, insuffisant pour contenir le déficit commercial. Une action parallèle à la promotion des exportations doit absolument être menée. Contenir les importations compressibles est une des plus vieilles méthodes pour réduire le déficit de la balance commerciale. «Il faut agir sur les importations à travers le système normatif et les mesures de défenses commerciales», préconise El Aïd Mahsoussi, Secrétaire général du ministère du Commerce Extérieur. Il ne s'agit pas de revenir au protectionnisme mais d'actionner les mesures prévues par les lois et les accords internationaux. D'ailleurs, Abdelkader Amara verse dans le même sens. «Le choix de l'ouverture pris par le Maroc ne l'empêchera pas de préserver son tissu économique grâce aux mesures consenties dans le cadre des lois et règles régissant le commerce international», avance Amara. Il poursuit, «bien qu'il soit un marché ouvert, le Maroc n'est pas accessible à outrance». Le mot est lâché. Les mesures antidumping, compensatoires ou de sauvegarde ne sont plus un tabou. Le ministère sur le pied de guerre ! Les actions du ministère de tutelle se veulent être diversifiées et transversales. Ainsi, plusieurs programmes ont été pensés dans ce sens. A commencer par la poursuite des efforts fournis dans le programme d'appui aux consortiums d'exportations. L'objectif est d'atteindre 55 nouveaux consortiums à l'horizon 2015. Autre mécanisme actionné dans cette guerre à l'export : les contrats de croissance à l'export. Cette mesure est mise en place au profit de 375 entreprises exportatrices ou potentiellement exportatrices. Il s'agit d'un appui financier pour la prise en charge partielle de charges liées aux actions de promotion et de développement des exportations des entreprises. «Le détail des contrats de croissance à l'export sera dévoilé début 2013», promet Abdelkader Amara. Enfin, les PME exportatrices disposent également de la possibilité d'avoir recours au programme «Audit à l'export». Ce dernier, vise à soutenir 1000 PME dans l'amélioration de leurs systèmes à l'export, à travers un diagnostic de leurs capacités.