Le secteur du retail accuse le coup, de l'avis de plusieurs professionnels. Pour changer la donne, certains opérateurs appellent à revoir le business model. Explications. Le secteur du retail marocain a-t-il atteint ses limites ? La question mérite d'être posée. En effet, nombre de spécialistes évoquent un essoufflement du secteur depuis quelques années. « Les Marocains préfèrent de plus en plus se rabattre sur le commerce de proximité. Aujourd'hui, de plus en plus de petites enseignes ouvrent leurs portes dans les quartiers à Casablanca, Rabat, Tanger ou Marrakech. Ce phénomène les pousse à moins fréquenter les centres commerciaux», analyse d'ailleurs un économiste. Pour Younes Essassi, PDG du groupe Anfa Realties, l'essoufflement observé des centres commerciaux est tout à fait naturel, voire mathématique. «La consommation générale de la population n'a pas vraiment évolué ces dernières années. On peut même dire que la capacité des ménages a diminué. Par ailleurs, le nombre d'enseignes modernes et des points de vente par enseigne a augmenté de manière exponentielle. Tous ces nouveaux points de vente ne font que partager de plus en plus la même cagnotte d'il y a plusieurs années», explique-t-il. «Cette baisse est donc normale parce que les centres d'aujourd'hui ne font que reproduire les mêmes modèles de shopping avec une duplication des mêmes enseignes. De nouveaux modèles de retail devront être introduits dans le marché pour éviter cette cannibalisation des activités commerciales», tranche-t-il. Un nouveau concept pour espérer une nouvelle dynamique Rappelons que Anfa Realties a récemment ouvert le premier centre commercial dans la ville de Dar Bouazza, avec un investissement de 50 millions de DH. Baptisée Le Mercato d'Anfa et étalé sur 6.000 m2, cette nouvelle adresse mise en effet sur la proximité et le loisir pour attirer la clientèle. Comme Younes Essassi, nombreux sont les opérateurs du secteur qui plaident aujourd'hui en faveur d'un nouveau business model, afin d'insuffler une nouvelle dynamique à l'activité des centres commerciaux. «Le métier a changé. Il faut que les opérateurs suivent», soutient un autre expert. Renchérissant, Essassi souligne que ces cinq dernières années plusieurs grandes enseignes au Maroc ont dû fermer parce qu'elles n'ont pas anticipé ce changement. «Il est clair que ces expériences permettent de comprendre les raisons de l'échec du business model et surtout de les corriger à travers un meilleur concept d'enseignes… Le shopping ne peut plus se faire de manière traditionnelle. Il doit intégrer de la nouveauté et ce, de manière continue. Il doit se dérouler dans des espaces de vie et de rencontre tout en étant rallié aux nouvelles technologies», assure le PDG d'Anfa Realties, qui estime aussi que son groupe a pris la mesure de la situation. «Notre groupe a prouvé aujourd'hui sa capacité à gérer ce type de situation sur le projet du Mercato à Dar Bouazza. Nous avons d'autres idées inspirées de ce qui se fait par ailleurs à l'étranger. Nous sommes confiants de pouvoir vous fournir des vraies réponses à travers notre nouveau projet de grande envergure sur l'AUDA», soutient Essassi. Cependant, force est de remarquer que malgré cet essoufflement du secteur, certains opérateurs de la place continuent d'investir dans de nouveaux projets. Pour rappel, le secteur du commerce de détail représente pas moins de 12,8% de l'économie marocaine et emploie 13% de la population active selon les statistiques disponibles.