Abbas El Fassi a présenté, mercredi 24 octobre, son programme pour la période 2007-2012. Comme on s'y attendait, il a collé aux directives royales en érigeant la justice, l'enseignement et l'agriculture au centre des priorités. Ceci dit, une déclaration reste, par l'usage, un ensemble de bonnes intentions que le gouvernement pourrait ne pas respecter si des contraintes, exogènes ou endogènes, l'y obligent. Et des contraintes, il n'en manque pas dans les trois secteurs cibles. L'agriculture avance à deux vitesses, l'une au rythme des grands fermiers, des texans à la marocaine, et l'autre au rythme d'agriculteurs de «survie» qui représentent plus de 80% de l'activité. La réforme du secteur implique deux choses : remettre d'une part l'agriculture en selle pour qu'elle contribue positivement, et de manière permanente, au PIB, et de l'autre, se préparer à la concurrence internationale car la protection ne peut résister à vie. De l'agriculture dépend l'agroalimentaire, mais aussi le développement social, économique et politique du milieu rural. Les verrous ne manquent pas et Aziz Akhannouch s'y frotte déjà. L'enseignement a aussi des épines qui ont coûté leur place à plusieurs ministres. El Fassi, et donc Ahmed Akhchichine, semble avoir déjà tracé la route de la refonte : une stratégie d'urgence et une autre à moyen terme. Annonçant d'ores et déjà que le plus dur de la réforme sera casé dans la seconde poche de la refonte. Inévitable puisqu'il faut prendre le temps de convaincre les intervenants du secteur. Le terrain semble balisé puisque Akhchichine n'aura, dans l'ensemble, qu'à faire siennes les recommandations de la Commission spéciale éducation et de formation (Cosef), mais son challenge réside dans sa capacité à huiler la machine. La justice, enfin, a besoin d'un miracle. Les professionnels interrogés dans le cadre de ce dossier en connaissent bien les faiblesses. Mais quant il s'agit des mesures à prendre, chacun y va de sa philosophie. C'est dire que les contours de la réforme ne sont pas encore clairs. Abdelouahed Radi n'a qu'à s'inspirer de ses prédécesseurs pour trouver le bon chemin, plutôt le bon équilibre, et éviter par là même les embûches qui ont fait tomber les têtes couronnées de la filière.