CFG Bank qui s'évertue, depuis son obtention de la licence bancaire en 2012, à se frayer un chemin parmi les mastodontes du métier au Maroc, doit encore patienter. La banque vient de ponctuer un cycle baissier de près d'une décennie de ses résultats, soit depuis son bénéfice historique de plus de 100 millions de dirhams en 2007 (performance inédite au Maroc pour la pure banque d'affaires qu'elle fut) avec, cette fois-ci, un autre résultat net pratiquement de la même teneur…mais de couleur différente ! Aussi, avec une perte nette CFG marquée au rouge vif de 106,8 millions de DH, soit presque le double de celle déjà essuyée en 2017 et le triple du déficit de 2015, le petit poucet du secteur bancaire a du mal à rentabiliser son modèle de « banque à part ». « Pour construire les clients et les crédits, il faut du temps. Au début, vous avez beaucoup d'investissements et de charges, notamment dans l'informatique, l'ouverture des agences, le recrutement des effectifs… C'est ainsi que nous avons investi 600 millions de DH. En revanche, le chiffre d'affaires bancaire augmente d'année en année avec l'installation de la marque, qui ne se fait pas d'un seul coup. Rien qu'en termes de crédits, nous avons atteint les 2,5 milliards de DH. Pour le crédit immobilier, par exemple, la banque a engrangé une bonne part de marché. Quant aux dépôts en vue, ils ont également atteint 1,3 milliard de DH, soit 33% de nos dépôts. Ce pourcentage augmente vite et devrait atteindre 45% en 2020. Nous sommes très contents», explique Souad Benbachir, ADG-associée de CFG Bank. Lire aussi : CFG Bank lève 300 millions de DH auprès de nouveaux investisseurs Pour une banque premium « conçue pour convaincre une clientèle urbaine exigeante en quête d'un service de qualité, fluide et efficace », l'autre challenge est maintenant de préserver le sang-froid des investisseurs exigeants (notamment les fonds d'investissement internationaux) qui ont cru en son modèle économique en y injectant quelques 600 millions de dirhams entre 2016 et 2018 et qui, à leur tour, ont des exigences non moins légitimes que la clientèle cible à savoir une rentabilité solide et un retour fluide sur investissement. « Une banque est comme un projet d'infrastructure. On réalise d'abord l'infrastructure et ce n'est qu'à travers la montée en régime de la clientèle que le projet se rentabilise au bout de quelques années. Tout cela était prévu à l'origine et nos actionnaires le savent très bien », précise l'ADG-associée de CFG Bank Il faut dire que le contexte actuel d'un ralentissement net du crédit bancaire et d'une rechute des activités boursières n'a guère favorisé le décollage de la banque, qui est officiellement descendue à l'arène de la compétition qu'en fin 2015 avec un attelage volontairement léger (à fin 2018, son réseau national ne dépasse pas 16 agences) en misant sur une offre digitale innovante. Pour l'instant, le management demeure des plus confiants et prévoit un retour à l'équilibre à cet horizon mais sans dire un mot. Toutefois, si la banque devra à nouveau tendre la sébile ou pas aux actionnaires pour poursuivre l'aventure. « En 2018, la banque est arrivée à un niveau maximum de charges, a construit aussi son réseau, développé ses GAB, investi beaucoup dans la communication et recruté également tout le personnel nécessaire. Aujourd'hui, nous n'avons plus d'investissement supplémentaire en termes de charges et d'investissement. Ainsi, dès 2020, nous escomptons atteindre l'équilibre d'exploitation. Autrement dit, nous avons une année et demi pour y arriver. Là où cela nous prend 4 ans et demi, il faut 6 à 7 ans en Europe, pour y arriver », conclut Souad Benbachir.