Le business model des compagnies d'assurance participative (Takaful), qui verront le jour d'ici quelques mois, se précise. Avec pas moins de 2 milliards de DH de financement accordés, non adossés à une assurance, par les banques participatives à fin juin 2018, il va sans dire que la mise en place de l'assurance participative « Takaful » est plus que jamais une urgence pour éviter un risque systémique à cette nouvelle industrie bancaire. Les autorités s'activent donc pour le lancement de l'assurance Takaful. Au stade actuel, le projet est encore dans le circuit législatif. Et selon les professionnels, plusieurs nouveautés ont été apportées au texte initial pour permettre au secteur de connaître un développement rapide et harmonieux. Ainsi, selon une source bien informée au sein de l'Association marocaine des professionnels de la finance participative (AMPFP), le texte promeut un nouveau business model pour les compagnies d'assurance Takaful. «Avant, le texte prévoyait que l'organisation des compagnies d'assurance Takaful soit similaire aux compagnies d'assurance conventionnelles. Mais maintenant cela ne sera plus le cas, puisque le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) a opté pour la création d'une structure dotée d'une personnalité morale appelée le fonds Takaful, et ce fonds abritera toutes les primes qui sont versées par les participants. Et à aucun moment, la compagnie Takaful n'a la propriété sur les primes versées. Il faut préciser aussi que la structure Takaful sera une société anonyme, avec un capital initial de 50 millions de DH déclaré, et le fonds Takaful qui n'a pas de capital, ni de directeur général ni de conseil d'administration, mais doté également d'une personnalité morale. Ce fonds doit protéger les actifs et le cash de la clientèle. C'est le business model qui a été retenu », précise la source. Soulignons que les compagnies d'assurances Takaful et les fonds Takaful seront sous l'autorité de l'ACAPS (Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale). Le texte précise aussi, que la compagnie d'assurance Takaful est un gestionnaire mandaté par le Fonds Takaful et qu'elle n'a pas le droit d'inscrire les actifs en son nom et perçoit en contrepartie des frais de gestion. Il y a aussi un plus qui a été ajouté. Il s'agit de la réassurance Takaful (RéTakaful). Assurance et réassurance «La loi prévoit aussi la mise en place d'un fonds RéTakaful. Ainsi, les compagnies d'assurance qui souhaitent s'aligner sur ce créneau, vont le créer et celles qui ne souhaitent pas créer de fonds RéTakaful, pourront externaliser cette activité en faisant appel à des réassureurs extérieurs. Aussi, l'article 165 du Code des assurances a été revu. Cet article stipulait, avant, que les compagnies Takaful ne pouvaient opérer que dans la branche Vie. Aujourd'hui, le code autorise ces compagnies à opérer à la fois dans les branches Vie et Non Vie. Ce qui fait que la compagnie d'assurance Takaful aura désormais la même force de frappe qu'une compagnie d'assurance conventionnelle», assure notre source. Autre précision, la loi autorise les compagnies d'assurance Takaful, au cas où elles ne souhaitent pas mettre en place une filiale dédiée à la réassurance, d'ouvrir une fenêtre pour y opérer. « Le Takaful est un pilier important et indissociable de l'écosystème de la Finance Participative. L'absence des contrats de couverture décès et invalidité pour se couvrir, engendre aujourd'hui un risque systémique pour les clients et les banques participatives. Les compagnies d'assurance sont intéressées par cette nouvelle industrie et participent de manière très active pour finaliser tous les textes réglementaires en partenariat avec l'ACAPS et le CSO », assure notre source, ajoutant que le lancement des premières compagnies d'assurance Takaful devrait intervenir au cours du troisième trimestre 2019.