« Donoor »… budgétivore C'est une affaire qui tombe le plus mal possible et au plus mauvais moment. Pour la énième fois, le stade du complexe sportif Mohammed V de Casablanca va être fermé pour travaux. Travaux d'aménagement, travaux de réfection, travaux d'embellissement, on ne sait pas trop. Tout ce qu'on sait, c'est que ces travaux sont loin d'être finis et que la facture commence à être colossale. De fermeture en réouverture, on en serait presque au coût aberrant de 1 milliard de dirhams. A chaque fois, on croit que le stade est prêt et fonctionnel et à chaque fois on le remet sur la table d'opération pour le « soigner » de tous ses maux et de toutes ses malformations. Là, on va encore en ce mois de janvier le fermer pour 6 mois, voire plus, et ce sont les deux clubs qui en bénéficient le plus qui se retrouvent dans la mouise. Les deux clubs ne sont autres que le Wydad et le Raja. Excusez du peu. La situation s'aggrave et se complique quand on connait la masse populaire gigantesque qui suit tous les matchs, les faits et les gestes de chaque composante de ces deux clubs. Deux clubs qui, en plus, courent sur plusieurs tableaux et chassent plusieurs lièvres à la fois. Deux clubs qui ont besoin du soutien de leur public. Un public qui a fait de la formule « Donoor i dor » un slogan spécial, bref un ordre de rassemblement et un cri de… bataille. « Donoor » fait référence au nom du Stade d'Honneur qui, à l'Indépendance, avait succédé à l'appellation première qui était stade Marcel Cerdan. En 1982, juste avant les Jeux Méditerranéens de 1983, le Stade d'Honneur laissa place à un gigantesque « complexe sportif Mohammed V ». Cet ensemble extraordinaire installé au cœur de la capitale économique est devenu le fief du Wydad, du Raja et de leurs dizaines de milliers de supporters qui, à chaque match, affluent dans les gradins et tribunes et clament : « Il faut que donoor i dor». Comprenez par-là que l'affluence doit couvrir jusqu'à la moindre parcelle de place dans les tribunes qui encerclent le champ de jeu. Cela donne des stades entièrement habillés et habités de rouge ou de vert selon le club qui y évolue mais ce n'est, en fait, qu'une illusion d'optique. Le proverbe ne dit-il pas que celui qui est « habillé avec les vêtements de quelqu'un d'autre est quelqu'un qui est tout nu ». Le « donoor », ou si vous préférez le stade de Casablanca, n'appartient ni au WAC, ni au Raja, il est la propriété de la ville et de ses autorités. Depuis toujours les comités rajaouis ou wydadis ont profité de la manne et des recettes spectaculaires sans vraiment penser au lendemain. Au lendemain qui vient toujours plus vite qu'on ne l'imagine. Et en ce début 2019, nos deux plus grands clubs, avec leurs ambitions et un programme démentiel, se retrouvent sans terrain fixe. Et en 2019, il va falloir que tout le monde se démène pour dépanner les deux clubs les plus riches et les plus nantis du championnat. Le plus drôle, c'est que ces deux clubs se présentent en victimes. Victimes de quoi ? Sinon de leur imprévoyance et de leur suffisance. Mais ne le dites pas trop fort, sinon ils risquent de vous en vouloir. Bizarre non ?