Réagissant au discours prononcé, vendredi soir à Laâyoune, par le Roi Mohammed VI à l'occasion du 40ème anniversaire de la Marche verte, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra estime que les propos du souverain à l'égard de l'Algérie résonnent comme « un pari sur le pire ». « Si nous avons bien compris, il y aura davantage de désunion, de déchirement fratricide et de combat d'arrière-garde comme nous l'avons vu durant les quarante années qui viennent de s'écouler, alors même que le monde va de l'avant et exprime, de plus en plus, son attachement à des valeurs refuges et des principes universellement soutenus comme celui de l'autodétermination des peuples », a ajouté Lamamra. Ce dernier n'a cependant pas précisé de quel principe d'autodétermination il parle, celui d'une population retenue contre son gré dans le Guantanamo algérien de Tindouf ou du peuple Kabyle. Et Lamamra, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue colombienne Maria Angla Holguín, de considérer que la récupération par le Maroc de ses Provinces du sud constitue « une mystification » qui, selon lui « a abouti à la prise en otage du destin collectif des peuples maghrébins par l'extensionnisme territorial, quarante ans durant ». En parlant d' « extensionnisme », le diplomate algérien qui voulait peut être dire expansionnisme, oublie que Tindouf faisait partie du Maroc. Pour lui rafraîchir un peu la mémoire rien ne vaut un passage d'une interview accordée à Hamid Berrada pour jeune Afrique le 27 novembre 1985. « Le Maroc, de tout temps, n'a jamais réclamé que ce qui lui appartient. Ainsi Tindouf, par exemple, faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu'au début des années cinquante, puisque, lors des cérémonies de l'Aïd El-Kébir et de l'Aïd Seghir, le pacha de cette ville — je l'ai vu de mes propres yeux — venait faire allégeance devant mon père. Mais, lorsque nous sommes partis en exil, le 20 août 1953, Tindouf, entre autres, nous a été enlevée pour être rattachée à l'Algérie », avait-déclaré feu Hassan II. On voit mal où Lamamra est allé chercher cet « extensionnisme » du Maroc lui qui appartient à un gouvernement d'un pays obsédé justement par l' « extensionnisme », et qui, à force de vouloir jouer le rôle de superpuissance régionale, a fini par s'affaiblir sur les plans politique et économique. Alors, nous aussi au Maroc on peut dire à Lamamra que « si nous avons bien compris, il y aura davantage de désunion, de déchirement fratricide et de combat d'arrière-garde » à cause de l'attitude hostile de l'Algérie.