Une rencontre a été organisée, mardi à Rabat, pour débattre de la question d'autonomisation des femmes victimes de la violence et passer en revue les expériences réussies dans ce domaine. Lors de la présentation du rapport du processus de modélisation du Centre multifonctionnel Batha à Fès pour l'autonomisation des femmes victimes de la violence basée sur le genre, la directrice de l'association Initiatives pour la protection des droits des femmes (IPDF) ayant élaboré ce rapport, Ilhame Ouadghiri, a indiqué que ce document s'assigne pour objectif de partager les pratiques du centre Batha et sa théorie d'intervention en tant que modèle efficient, réel, réaliste, réalisable et conforme aux lignes directrices du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Ilham Ouadghiri a poursuivi que le processus de modélisation guidé par la position de l'IPDF en tant qu'association féminine se base sur l'importance de la conformité aux définitions, aux guides d'orientation, aux principes et lignes directrices onusiennes, et aux services sociaux essentiels pour les femmes et les filles victimes de violence tels que définis par l'UNFPA, ainsi que sur l'importance d'une vision holistique reflétée notamment à travers la transversalité de l'approche féministe globale, situant les usagères du centre au cœur de leur intervention. Ce processus se base également sur le rôle que doivent jouer les usagères du centre en tant qu'actrices de leur propre autonomisation et du changement aux niveaux individuel et collectif, et sur la nouvelle valeur ajoutée que les nouvelles pratiques capitalisées ont apportée, le but étant de mieux les servir et de les faire bénéficier d'une intervention de qualité, a-t-elle ajouté. Le gouvernement marocain connaît actuellement une dynamique relative au cadrage et à la standardisation de l'intervention sociale auprès des populations vulnérables dont les femmes victimes de la violence basée sur le genre, a rappelé Mme Ouadghiri, soulignant que cette dynamique se manifeste aussi bien au niveau législatif (institutionnalisation de la prise en charge dans la loi 103.13, élaboration d'un texte de loi 65.15 qui remplacera la loi 14.05 relative aux centres de protection sociale) qu'au niveau de la mise en place de procédures d'application (projets des cahiers de charges types pour les espaces multifonctionnels) ou de plans d'action y afférents (création d'espaces multifonctionnels prévus dans le plan gouvernemental IKRAM). Dans ce sens, et en parallèle avec l'élaboration d'un cahier des charges par le ministère de la Famille, de la Solidarité, de l'Egalité et du Développement social, relatif aux centres de protection sociale, l'IPDF a procédé à la modélisation du centre multifonctionnel Batha qu'elle gère depuis 2009, conformément aux principes et lignes directrices des services sociaux essentiels tels que définis par l'UNFPA. Pour sa part, le représentant de l'UNFPA, Abdellah Yaakoub, s'est félicité de l'aboutissement du processus de modélisation et du « fort » engagement de l'IPDF, concrétisé au centre multifonctionnel Batha, à travers la contextualisation d'une approche basée sur une intervention qui se veut à la fois multidimensionnelle et centrée sur les femmes victimes de violence, notamment en termes de prise en charge de qualité au service de ces femmes. Il a, en outre, mis en relief la modélisation de ce centre pour l'autonomisation de ces femmes, qui représente une action qui vient consolider le partenariat entre l'UNFPA et l'IPDF et renforcer davantage la « fructueuse » collaboration avec les acteurs de la société civile en matière de lutte contre la violence basée sur le genre. « Cette rencontre est une opportunité pour partager cette approche de modélisation et en tirer les meilleures pratiques pour mieux répondre aux attentes des femmes victimes de violence en termes de changement qualitatif vers leur autonomisation effective », a-t-il ajouté, tout en émettant le souhait que cette expérience soit prise comme référence et généralisée au niveau d'autres régions du Royaume. Elle vise également, selon M. Yaakoub, à partager cette expérience avec les différents acteurs concernés et influencer les acteurs étatiques afin qu'ils prennent en considération les bonnes pratiques du Centre Batha dans le projet du cahier des charges. L'IPDF est une association féminine de plaidoyer, autonome et non-lucrative, qui a pour mission de mettre en œuvre l'égalité entre les sexes dans les textes juridiques via la défense des droits universels de la femme.