La poursuite des manifestations qui se suivent et se ressemblent à Al Hoceima a finalement réussi à sortir de leurs gonds, gouvernement et partis de la majorité qui entendent siffler la fin de la récréation. Le ras-le-bol exprimé par les manifestants depuis la mort en octobre dernier du poissonnier Mohcine Fikri broyé par une benne à ordures, s'est emparé cette fois-ci du coté du gouvernement et des partis qui le forment. Ces derniers ont souligné que le Maroc ne peut tolérer l'atteinte à ses constantes nationales et à ses valeurs sacrées à travers l'instrumentalisation des revendications des habitants de la province d'Al Hoceima de façon à nuire à l'intégrité territoriale du Royaume et à promouvoir des idées destructives qui sèment la zizanie dans la région. Dans des déclarations à la presse à l'issue d'une réunion, tenue dimanche soir, avec le ministre de l'Intérieur, M. Abdelouafi Laftit, axée sur le développement de la situation à Al Hoceima, ces partis ont relevé que les protestations sociales doivent se faire dans le cadre de la loi, sans porter atteinte aux intérêts et aux biens publics et privés, mettant en garde contre tout lien ou soutien de parties extérieures. Dans ce cadre, le président du Conseil national du parti de la Justice et du Développement (PJD), Saad-Eddine El Othmani, par ailleurs chef du Gouvernement, a indiqué que les revendications sociales de la population doivent être satisfaites à Al Hoceima comme dans l'ensemble des provinces et des régions qui connaissent un retard dans les chantiers de développement pour différentes raisons. Le traitement des revendications sociales doit se faire dans le cadre de la loi, a ajouté M. El Othmani, assurant que le gouvernement œuvrera pour accélérer les chantiers du programme de développement spatial de la province d'Al-Hoceima, baptisé « Al-Hoceima, Manarat Al Moutawassit », lancé par le roi Mohammed VI. Pour sa part, Rachid Talbi Alami, membre du Bureau politique du Rassemblement National des Indépendants (RNI), a déclaré que la situation dans la province d'Al Hoceima a connu « des déviations menées par un groupe instrumentalisé par l'extérieur et avec qui le dialogue n'a pas abouti », faisant observer que « tous les éléments confirment que les membres de ce groupe sont engagés dans un processus de financement de la part des ennemis de l'intégrité nationale du Maroc ». Le RNI ne peut accepter cette situation et appelle à l'application de la loi contre toute personne responsable de la destruction des biens publics et de la promotion d'idées destructrices visant à semer la zizanie dans la région, a insisté Talbi Alami. De son coté, Saïd Amskane, membre du Bureau politique du Mouvement Populaire (MP), a souligné que le parti, qui soutient la revendication de tout droit légitime par les citoyens, rejette tout ce qui peut porter atteinte aux constantes et aux valeurs sacrées de la Nation et à la cohésion et à l'unité de la Patrie », assurant que cette position est partagée par l'ensemble des Marocains sans exception. Le premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar, a, de son côté, affirmé que les revendications et les protestations doivent se faire dans le cadre de l'édification démocratique et le respect de la loi en vigueur, précisant que toute violation de cette loi ou atteinte aux biens publics ou aux libertés des autres ne figure pas dans le cadre de l'Etat des institutions et de la loi qui doit protéger les droits et libertés. Dans ce sillage, Mohamed Sajid, secrétaire général du parti de l'Union Constitutionnelle (UC), a indiqué que « ces revendications, qui étaient, au départ, légitimes, ont récemment pris la forme de revendications portant atteinte aux constantes nationales ». L'UC appelle à l'application de la loi contre les individus qui commettent ces actes destructifs qui nuisent à l'intégrité territoriale du Royaume, a-t-il dit. Quant à Khalid Naciri, membre du Bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), il a souligné que le mythe des demandes sociales a rapidement pris une autre dimension dans la province d'Al Hoceima, ajoutant que la ligne rouge a été dépassée à travers l'expression d'un ensemble de revendications ayant un « caractère séparatiste ». Le Royaume du Maroc, un pays sur la voie de l'édification de sa démocratie et sa justice sociale, ne peut tolérer cette situation, a-t-il conclu. Reste à savoir si ce message a été bien reçu par les manifestants à Al Hoceima pour mettre fin à ce bras de fer qui n'a que trop duré, si l'on en croit le gouvernement.