Le président de de Melillia, Juan José Imbroda, a haussé le ton en affirmant que le Maroc semble « ignorer » les villes autonomes de Melillia et Sebta, insistant qu'il appartient au gouvernement central à Madrid d' »assumer sa responsabilité » pour aborder avec son voisin du sud le problème de l'immigration et des passages frontaliers. Imbroda s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion de deux heures à Melillia à laquelle ont pris part le président de la ville autonome de Sebta, Juan Vivas, la vice présidente du gouvernement espagnol, Soraya Sáenz de Santamaría, le ministre de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido, ainsi que d'autres responsables de l'exécutif espagnol. Selon Imbroda, ces problèmes de l'immigration et des passages frontaliers pourraient être résolus d'un point de vue « local » si les autorités de Melillia et de Sebta avaient la possibilité de parler avec les autorités marocaines des zones limitrophes et parvenir ainsi à un accord. Cependant, a-t-il expliqué, du moment que ce n'est pas possible, il va falloir traiter ces questions au niveau national. « C'est à eux (le gouvernement central) de décider, mais qu'ils les règlent (ces problèmes) », a martelé le président Imbroda rappelant que sa ville accueille à présent 600 mineurs non accompagnés marocains en situation irrégulière, et que 30.000 personnes provenant du Maroc traversent quotidiennement la frontière en plus des 15.000 marocains qui vivent à Melillia. Selon ce responsable, environ 19% de la population immigrée de Melillia provient du Maroc, soit le double de la moyenne nationale qui se situe à 9%, ce qui fait, que ni sa ville ni celle de Sebta qui disposent d'une économie limitée ne peuvent accueillir tout ce beau monde. Devant cette situation, « la baguette magique, c'est le président du Gouvernement d'Espagne qui la détient », et non pas les exécutifs de Melillia et Sebta, a insisté Imroda. Selon le quotidien El Pueblo de Ceuta, les président des deux villes autonomes ont ainsi demandé à la vice-présidente et au ministre de l'Intérieur de trouver des solutions au problème des frontières et d'agir de manière adéquate auprès des autorités marocaines dans le cadre de l'accord entre les deux pays. Imbroda a également évoqué le problème des porteurs de marchandises de contrebande destinées à la vente au Maroc, mettant en garde contre le fait que si une solution n'est pas trouvée pour éviter des incidents qui peuvent être tragiques, « des mesures drastiques et un rappel à l'ordre « pourraient provenir de l'Europe. « Nous sommes européens et ils peuvent nous dire, depuis Bruxelles, ‘que faites vous, nous sommes au 21e siècle et ceci (le commerce de contrebande) ressemble à une plantation de café en Virginie du 18e siècle », a martelé encore une fois le président de Melillia selon lequel le Maroc doit prendre des mesures pour ordonner aux porteurs et femmes-mulets d'éviter leur « entrée en masse » à l'ouverture du passage frontalier.