La presse algérienne a largement repris les propos du ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, (MAE), exprimés mercredi dans un entretien à l'agence officielle « APS » au premier jour de sa visite officielle de deux jours dans ce pays depuis sa nomination à ce poste. « Le gouvernement [espagnol, NDLR] soutient les efforts du Secrétaire général de l'ONU d'assister les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte de l'ONU et en conformité avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité « , a-t-il affirmé. Des propos que certains médias algériens n'ont pas hésité à interpréter comme un changement de la position de l'Espagne à l'égard du Sahara marocain. En « tant comme membre du Groupe d'amis pour le Sahara occidental que du Conseil de sécurité, nous avons défendu la centralité des Nations unies et l'importance primordiale de la MINURSO », a ajouté le chef de la diplomatie espagnole rappelant la solidarité de son pays avec les populations de Tindouf » à travers nos programmes d'aide humanitaire aux camps de réfugiés, où l'Espagne confirme sa position comme un des principaux bailleurs de fonds ». La presse algérienne, à l'instar du site TSA, y voit dans cette déclaration de Dastis une rupture avec le discours officiel traditionnel, et n'hésite pas à citer des prétendus « observateurs espagnols » qui en serait les premiers surpris. TSA va même plus loin en dressant un parallèle entre le déplacement de Dastis à Alger, et sa visite le 13 février dernier à Rabat où, tient à préciser ce média, le chef de la diplomatie espagnole « n'a même pas évoqué la question du Sahara occidental avec son homologue marocain, Salaheddine Mezouar ». Il rappelle par ailleurs le soutien de Madrid au Maroc dans l'affaire l'opposant à la CJUE au sujet de l'Accord agricole que ce tribunal considère qu'il ne devrait pas inclure le territoire du Sahara car faisant l'objet d'un litige. A en croire ce site, il existerait ainsi « une forme de double discours de la part de l'Espagne, du moins une tentative de jouer l'équilibre entre l'Algérie et le Maroc » qui, selon ce média, fait pression sur l'Europe –et l'Espagne en particulier– par le biais de l'immigration. La position de l'Espagne à l'égard du Sahara marocain est connue. Elle rejoint celle des superpuissances qui considèrent que seule l'initiative d'autonomie proposée par le Maroc est à même de résoudre ce conflit car jugée « sérieuse, crédible et réaliste ». Quant à la pression que le Maroc exercerait sur l'Europe et en particulier, l'Espagne, en matière d'immigration clandestine, Madrid n'a jamais autant rendu hommage à son voisin du sud pour les efforts déployés dans la lutte contre ce phénomène. Il en est de même de sa coopération, maintes fois saluée, dans leur combat commun contre le terrorisme. Double discours de Dastis? peut être. En tout cas, une chose est certaine: le chef de la diplomatie espagnole a plutôt préférer caresser les autorités algériennes dans le sens du poil pour s'épargner leur mauvaise humeur, et elles n'en manquent pas.