Le roi Mohammed VI a dressé, ce mardi 31 janvier à Addis Abeba, un véritable réquisitoire contre l'absence d'une intégration maghrébine au moment où d'autres groupements et ensembles se constituent notamment en Afrique. « Le Maroc a toujours considéré qu'il faut d'abord puiser sa force, dans l'intégration de sa sous-région maghrébine. Or, force est de constater que la flamme de l'UMA (Union du Maghreb Arabe) s'est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu ! », a déploré le souverain qui s'adressait au 28eme Sommet de l'Union Africaine (UA) qu'il a réintégrée lundi. Selon lui, « l'élan mobilisateur de l'idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 50, se trouve trahi. » Et Mohammed VI de regretter qu'actuellement, l'UMA soit la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète. Il en veut pour preuve, le commerce intra-régional qui s'élève à 10% entre les pays de la CEDEAO, et à 19% entre les pays de la SADEC, et qui stagne à moins de 3% entre les pays du Maghreb. De même, tandis que la Communauté Economique d'Afrique de l'Est avance dans des projets d'intégration ambitieux, et que la CEDEAO offre un espace fiable de libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, les pays du Maghreb sont, eux, à un niveau de coopération économique très faible, a encore déploré le souverain dans ce discours, le premier du genre devant cette organisation continentale depuis le retrait du Maroc de la défunte Organisation de l'Unité Africaine en 1984 à Addis Abeba. Le royaume entendait ainsi protester contre l'admission de la pseudo « république sahraoui » par cette organisation. « Nos concitoyens maghrébins ne comprennent pas cette situation », a-t-il fait remarquée avant de mettre en garde: « si nous n'agissons pas, sauf à prendre exemple sur les sous-régions africaines voisines, l'UMA se dissoudra dans son incapacité chronique, à rencontrer les ambitions du Traité de Marrakech, qui lui a donné naissance il y a 28 ans ».