Le Souverain a prononcé mardi un discours devant le 28ème sommet de l'UA Historique. Le discours prononcé hier par SM Mohammed VI devant le 28ème sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba est définitivement rentré dans l'histoire. C'est un discours royal exceptionnel parce qu'il marque le retour du Maroc au sein de l'UA. «Il est beau, le jour où l'on rentre chez soi, après une trop longue absence! Il est beau, le jour où l'on porte son cœur vers le foyer aimé ! L'Afrique est mon continent, et ma maison. Je rentre enfin chez moi, et vous retrouve avec bonheur. Vous m'avez tous manqué», a affirmé SM le Roi. Le discours royal était ainsi résolument tourné vers l'avenir sans oublier l'histoire et le parcours du Maroc au sein de l'organisation panafricaine en particulier le retrait du Royaume en 1984. «Le retrait de l'OUA était nécessaire: il a permis de recentrer l'action du Maroc dans le continent, de mettre aussi en évidence combien l'Afrique est indispensable au Maroc, combien le Maroc est indispensable à l'Afrique. Nous y avons réfléchi mûrement, et c'est à présent une évidence ! Il est l'heure de rentrer à la maison : au moment où le Royaume compte parmi les nations africaines les plus développées, et où une majorité de pays membres aspirent à notre retour, nous avons choisi de retrouver la famille», a fait savoir le Souverain. Et de poursuivre : «Une famille que nous n'avions pas véritablement quittée ! En effet, malgré les années où nous étions absents des instances de l'Union Africaine, nos liens, jamais rompus, sont restés puissants, et les pays africains frères ont toujours pu compter sur nous : Des relations bilatérales fortes ont ainsi été développées de manière significative : Depuis l'an 2000, le Maroc a conclu, dans différents domaines de coopération, près d'un millier d'accords avec les pays africains». Les chiffres concernant les accords et les partenariats entre le Maroc et ses partenaires continentaux sont, en effet, édifiants. «A titre de comparaison, savez-vous qu'entre 1956 et 1999, 515 accords avaient été signés, alors que depuis 2000, il y en a eu 949, c'est-à-dire près du double ! Pendant ces années, J'ai moi-même souhaité donner une impulsion concrète à ces actions, en multipliant les visites dans les différentes sous-régions du continent. Au cours de chacune des 46 visites, que J'ai effectuées dans 25 pays africains, de nombreux accords dans les secteurs public et privé ont été signés», a rappelé SM le Roi. Une coopération concrète En plus des partenariats et des accords bilatéraux, le discours royal s'est également attardé sur les projets ambitieux et la coopération concrète menée par le Maroc et les autres pays de l'Afrique. C'est notamment le cas pour le projet du Gazoduc africain Atlantique, piloté par le Maroc et le Nigeria. «Ce projet permettra naturellement l'acheminement du gaz des pays producteurs vers l'Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l'Afrique de l'Ouest. Il contribuera, en effet, à structurer un marché régional de l'électricité, et constituera une source substantielle d'énergie au service du développement industriel, de l'amélioration de la compétitivité économique et de l'accélération du développement social», a indiqué SM le Roi. Outre le secteur énergétique, la coopération entre le Royaume et ses partenaires consacre une part non négligeable à la sécurité alimentaire. «C'est le sens de l'Initiative pour l'Adaptation de l'Agriculture Africaine au changement climatique, dite «Initiative Triple A», que nous avons promue lors de la COP22. Elle constitue une réponse innovante et extrêmement concrète aux défis communs posés par les changements climatiques. Dès son lancement, elle a d'ailleurs aussitôt été adoubée par une trentaine de pays. «L'initiative triple A» vise à lever un financement plus important au profit de l'Adaptation de la petite Agriculture Africaine; elle accompagnera également la structuration et l'accélération de projets agricoles, en s'appuyant sur quatre programmes: la gestion rationalisée des sols ; la maîtrise durable de l'eau agricole ; la gestion des risques climatiques ; et le financement solidaire des petits porteurs de projets», a affirmé le Souverain. Fédérer et aller de l'avant C'est pour que tous ces projets puissent essaimer partout en Afrique que le Maroc a choisi de retrouver sa place naturelle parmi les siens à l'UA. Pourtant, le Royaume est conscient du fait que certaines parties voient ce retour d'un mauvais œil. «Nous n'ignorons pas que nous ne faisons pas l'unanimité au sein de cette noble Assemblée. Loin de nous l'idée de susciter un débat stérile ! Nous ne voulons nullement diviser, comme certains voudraient l'insinuer ! Vous le constaterez : dès que le Royaume siègera de manière effective, et qu'il pourra apporter sa contribution à l'agenda des activités, son action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l'avant», a expliqué SM le Roi. Et de conclure: «Nous avons participé à l'avènement de cette belle construction panafricaine, et nous souhaitons tout naturellement y retrouver la place qui est la nôtre». L'UMA : Le risque de la dissolution L'intégration maghrébine était également présente dans le discours royal prononcé par le Souverain devant le 28ème sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie. «Le Maroc a toujours considéré qu'il faut d'abord puiser sa force, dans l'intégration de sa sous-région maghrébine. Or, force est de constater que la flamme de l'UMA s'est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu ! L'élan mobilisateur de l'idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 50, se trouve trahi», a dit SM le Roi devant les dirigeants africains. «Aujourd'hui, nous constatons avec regret que l'UMA est la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète : Alors que le commerce intra-régional s'élève à 10% entre les pays de la CEDEAO, et à 19% entre les pays de la SADEC, il stagne à moins de 3% entre les pays du Maghreb», a fait savoir le Souverain. Tout en signalant que nos concitoyens maghrébins ne comprennent pas cette situation, SM le Roi a lancé un appel pour agir. «Si nous n'agissons pas, sauf à prendre exemple sur les sous-régions africaines voisines, l'UMA se dissoudra dans son incapacité chronique, à rencontrer les ambitions du Traité de Marrakech, qui lui a donné naissance il y a 28 ans», a conclu le Souverain.