C'est un projet pharaonique. Le Maroc prévoit la construction ex-nihilo d'une ville industrielle de 300.000 habitants sur le littoral dans la région de Tanger. Un projet dont le coût serait proche de 10 milliards de dollars et qui serait développé par le groupe chinois Haite, selon le site Quartz. Le roi Mohammed VI, qui s'est personnellement impliqué dans les négociations de ce projet en rencontrant le président chinois Xi Jinping à Pékin lors d'une visite officielle en mai 2016, veut imiter le modèle des zones économiques spéciales chinoises, comme Shenzhen, qui ont vu le jour à la fin des années 1980. Les entreprises qui s'installent bénéficient de taxes fortement réduites dont l'effet attendu est l'implantation de multinationales et l'embauche d'une main-d'oeuvre locale. «Tout bon pour le Maroc», mais… D'autres pays africains ont essayé de copier le modèle de développement chinois, note Quartz, mais le Maroc représente pour Pékin un atout majeur avec sa position géographique face à l'Europe. Mais la grande question est de savoir quelle somme la Chine est prête à investir dans ce chantier pharaonique. «Si les entreprises chinoises bâtissent et financent toutes les infrastructures, c'est tout bon pour le Maroc. Mais il n'y a des chances que cela ne se fasse pas comme ça», a confié Deborah Brautigam, directrice du China Africa Research Initiative à l'Université John Hopkins, au site Quartz. Aucun contrat n'a encore été signé. Eléphants blancs Comme le rapportait le magazine The Economist dans un long article, les zones économiques spéciales sont très populaires à travers le monde et sur le continent africain, mais les échecs sont pourtant nombreux. «L'Afrique est jonchée d'éléphants blancs» – infrastructures surdimensionnées pour leurs besoins – en la matière, selon le média britannique. Les problèmes d'électricité, de transports où plus simplement de bonne gouvernance économique ont souvent raison des ambitions des dirigeants africains. «De nombreuses zones du continent vont échouer à cause d'un manque d'approvisionnement énergétique ou parce qu'elles sont trop éloignées des ports», explique ainsi The Economist. S'il veut booster son développement grâce à la construction d'une zone économique spéciale, le Maroc ne doit donc pas croire à une recette miracle et mettre en place une politique économique plus large qui profitera au boom de sa nouvelle ville.