Confronté à une sécheresse persistante qui sévit pour la septième année consécutive, le Maroc a engagé une vaste entreprise de réhabilitation de ses forêts urbaines. Totalisant une superficie de 105 000 hectares, ces espaces boisés jouent un rôle essentiel tant sur le plan environnemental que social. Cependant, l'absence prolongée de précipitations régulières et la recrudescence des épisodes caniculaires ont fragilisé leur équilibre, rendant les arbres plus vulnérables aux parasites et aux maladies. Des interventions délicates et ciblées L'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a mis en œuvre un programme d'envergure destiné à restaurer ces forêts sans altérer leur vocation de lieux de détente et de ressourcement. Cette démarche s'avère particulièrement complexe, car elle impose l'abattage d'arbres affaiblis tout en respectant l'attachement des habitants à leur cadre naturel. C'est notamment le cas du bois de Bouskoura, unique réserve forestière de Casablanca, qui s'étend sur 3 000 hectares et subit une dégradation accélérée. Une analyse sanitaire approfondie a révélé un affaiblissement alarmant des peuplements de pin d'Alep et, dans une moindre mesure, d'eucalyptus. Pour enrayer ce déclin, l'ANEF procède à l'élimination de végétaux morts sur 150 hectares, tout en replantant 700 hectares avec des essences mieux adaptées aux conditions climatiques actuelles. Vers une gestion hydrique raisonnée Dans la capitale, les efforts de reboisement s'étendent au cercle vert de Rabat, conçu dans les années 1980 pour freiner l'extension urbaine vers Témara. Une campagne de plantation y a été lancée avec des casuarinas, arbres à croissance rapide et adaptés aux sols arides. Par ailleurs, la raréfaction des ressources en eau contraint l'ANEF à recourir à des méthodes novatrices d'irrigation. L'emploi du dispositif Waterboxx, qui capte l'humidité et en régule la distribution aux jeunes plants, ainsi que l'utilisation des eaux usées épurées, notamment dans la ceinture verte de Ouarzazate, illustrent cette adaptation aux défis climatiques. Un engagement à long terme Loin d'être une réponse ponctuelle, cette politique s'inscrit dans un cadre plus vaste : le Maroc veut étendre son couvert forestier de 600 000 hectares d'ici 2030, dont 150 000 hectares ont déjà été reboisés. Face à un déficit de pluviométrie qui s'impose désormais comme un phénomène structurel, les autorités misent sur une sylviculture repensée, limitant la densité des massifs lors des périodes de stress hydrique afin d'assurer leur pérennité. Un équilibre délicat entre conservation et renouvellement, indispensable à la sauvegarde du patrimoine forestier national.