Entre un dialogue social qu'elle juge vidé de sa substance, une inflation galopante qui étrangle les ménages et un projet de loi sur la grève qu'elle considère comme un instrument de mise au pas des travailleurs, l'Union marocaine du travail (UMT) dresse un constat implacable : l'action gouvernementale, loin de répondre aux attentes sociales, s'enlise dans une logique unilatérale où la concertation se résume à une mise en scène sans effet tangible. Condamnant une législation élaborée, selon elle, au seul profit du patronat et en l'absence de toute négociation équilibrée, la centrale syndicale met en garde contre une aggravation des tensions sociales et appelle à une mobilisation sans faille pour la défense des acquis du monde du travail. L'Union marocaine du travail (UMT) a exprimé, dans un communiqué, «son profond scepticisme quant à l'utilité du dialogue social en cours avec le gouvernement», estimant que ce dernier «se trouve désormais vidé de sa substance en raison du non-respect des engagements antérieurs du manque de volonté politique et de l'absence d'un cadre juridique institutionnalisant véritablement la négociation collective.» S'inquiétant de la détérioration du pouvoir d'achat des ménages, la centrale syndicale a enjoint l'exécutif d'adopter, sans délai, des mesures à la hauteur de la flambée des prix des denrées alimentaires et des services essentiels. Elle a également exigé «des mesures résolues contre les pratiques spéculatives et les monopoles» qui, selon elle, fragilisent encore les travailleurs et l'ensemble des citoyens. Face à la montée du chômage, particulièrement parmi les jeunes, l'UMT plaide pour une approche globale susceptible d'apporter des réponses structurelles à cette crise persistante. Dans cette perspective, l'organisation a exhorté ses adhérents et l'ensemble des travailleurs à demeurer mobilisés et à se tenir prêts à recourir à tous les moyens d'action nécessaires afin de faire échec aux mesures gouvernementales qu'elle juge régressives en matière sociale et attentatoires aux acquis du monde du travail. S'agissant du droit de grève, l'UMT considère que la question ne saurait être réduite à la seule conformité constitutionnelle du projet de loi organique y afférent. Le problème réside, selon elle, dans l'orientation même du gouvernement, qu'elle accuse de porter atteinte à l'exercice effectif de ce droit fondamental. Elle rejette en bloc ce qu'elle qualifie de «texte inique et partial, élaboré unilatéralement par l'exécutif et son ministre de l'emploi, en dehors de toute concertation avec les partenaires sociaux et au seul bénéfice du patronat.» L'Union marocaine du travail exige, par conséquent, «la suspension immédiate» de ce projet législatif, dénonçant une réglementation coercitive et restrictive qui, loin de garantir un équilibre entre les droits et les devoirs des travailleurs, ne ferait qu'aggraver la précarité et entraver l'action syndicale. Elle insiste sur la nécessité d'un examen rigoureux des causes profondes qui poussent les salariés à se prévaloir du droit de grève, à savoir la violation des libertés syndicales, le non-respect du code du travail, les licenciements abusifs, l'absence d'un dialogue social structuré ainsi que l'insécurité de l'emploi et la faiblesse des rémunérations.