Le Maroc projette d'ériger un aéroport militaire à l'extrême sud du Sahara afin de mener des frappes aériennes contre les groupes djihadistes actifs au Sahel, révèle lundi 3 mars le quotidien espagnol La Razón. Ce projet, mené en coopération avec les Etats-Unis et la France, œuvrera à lutter contre l'expansion du terrorisme islamiste dans une région où l'effondrement des structures étatiques a laissé libre cours à la prolifération de cellules armées. Ces informations n'ont pu être authentifiées de source indépendante. D'après La Razón, l'aéroport, dont l'emplacement exact n'a pas été dévoilé, constituerait une plate-forme avancée permettant le déploiement de drones et de chasseurs bombardiers en vue de frappes chirurgicales sur les sanctuaires djihadistes situés au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Ces opérations seraient menées en étroite concertation avec les gouvernements de ces pays, confrontés à une menace djihadiste d'une ampleur croissante, marquée par des attaques coordonnées contre des infrastructures stratégiques et des massacres de populations civiles. La menace étrangère qui pèse sur le royaume chérifien ne cesse de s'amplifier. Comme le soulignent plusieurs sources, la récente opération conduite par les services de renseignement marocains a mis au jour un réseau tentaculaire de combattants islamistes implantés dans neuf villes du pays. Douze suspects ont été interpellés et un important arsenal de guerre a été saisi dans un centre logistique clandestin à Errachidia ou encore près de la frontière algérienne. Parmi les armes découvertes, des explosifs de haute puissance, des fusils et des documents détaillant des scénarios d'attentats contre des centres urbains névralgiques. Les enquêteurs ont établi un lien direct entre cette cellule et l'Etat islamique-Sahel, groupe qui a multiplié ces dernières années les attaques contre des positions militaires et des convois humanitaires au Sahel. La Razón précise que le chef de cette cellule marocaine, arrêté lors de l'opération, occupait un poste clé au sein de l'organisation et était chargé de la coordination des actions terroristes à l'échelle régionale. Ce projet aéroportuaire marocain pourrait symboliser une reconfiguration stratégique marqué par la fragilisation des alliances traditionnelles dans la lutte contre le terrorisme. Le retrait progressif des forces françaises du Sahel, conjugué à l'érosion de l'influence occidentale dans la région, a favorisé un vide sécuritaire rapidement exploité par les groupes djihadistes. Parallèlement, l'instabilité politique chronique de plusieurs Etats sahéliens a entravé la mise en place d'une riposte coordonnée face à la menace islamiste. Face à ce péril, le Maroc se positionne comme un acteur clé de la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et au-delà. Depuis plusieurs années, Rabat a considérablement augmenté ses capacités de surveillance et d'intervention, multipliant les partenariats sécuritaires avec les puissances occidentales. L'édification de cet aéroport militaire marquerait une nouvelle étape dans la stratégie marocaine visant à contenir la menace djihadiste avant qu'elle ne parvienne aux portes de l'Europe.