Finis les golfs et les piscines en plein désert ? Alors que la COP22 se tient actuellement à Marrakech, le Maroc veut donner une image plus verte de son industrie touristique. Enjeu économique majeur, le tourisme représente 12 % du PIB et 5 % des emplois marocains, mais est aussi un gros consommateur d'eau, d'énergie et d'espaces naturels. Pour concilier économie et environnement, le ministère du tourisme promeut un tourisme « durable » qui permettrait de répondre à la demande des voyageurs tout en protégeant le patrimoine culturel et naturel du pays. La palmeraie en peine « Il ne s'agit pas d'opposer deux formes de tourisme mais de maintenir une dynamique de croissance de ce secteur tout en veillant à ce que la pression exercée par le tourisme sur les sites naturels et culturels, ainsi que sur les populations locales, soit maîtrisé », explique Nada Roudiès, secrétaire générale du ministère du tourisme marocain. A Marrakech, capitale touristique du pays, la palmeraie est un exemple de site naturel qui a attiré les touristes avant de souffrir durement de leur présence : la multiplication des hôtels, piscines et golfs autour de la ville rouge ont grignoté 30 % de la surface de la palmeraie et tari de nombreuses sources d'eau. Pour répondre à ce défi, notamment celui des golfs très gourmands en eau, un accord a été trouvé entre la ville, les golfs et la régie d'eau municipale : « La création de la station de traitement et d'épuration des eaux a permis de retraiter les eaux usées de Marrakech pour qu'elles puissent être utilisées pour l'arrosage des golfs, alors qu'avant elles étaient rejetées dans la nature sans retraitement », se félicite Nada Roudiès. Une trentaine d'hôtels marrakchis ont également obtenu le label « Clef verte », qui atteste de leurs bonnes pratiques en matière de traitement des déchets, de gestion de la ressource en eau et en énergie et de préservation de la biodiversité. Une clef verte pour la COP22 Vrai engagement ou peinture verte pour la COP22 ? Nicolas Toitot, consultant en qualité environnementale du bâti, a accompagné plusieurs hôteliers et témoigne de leur conscience écologique : « Je travaille avec eux régulièrement sur l'amélioration de leur empreinte écologique à travers des solutions techniques pour économiser l'eau et l'énergie. Le label est un atout marketing mais qui ne fait que mettre en valeur leur politique environnementale ». Néanmoins, la liste des labellisés en 2016 laisse perplexe : 80 établissements d'un coup, dont 15 hôtels de Marrakech et parmi eux 10 hôtels cinq étoiles. « C'est sûr que pour la COP22, c'est bien d'avoir sa petite plaque verte à l'entrée de l'hôtel », sourit Nicolas Toitot. Il n'empêche, sous l'égide de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, les établissements touristiques se plient, de gré ou de force, à certaines exigences. « Certains le font pour réduire leurs dépenses, pas par conviction environnementale. Mais le résultat est quand même positif », commente le consultant.