Jean-Marie Le Pen, ancien dirigeant du Front national (devenu Rassemblement national) et figure emblématique – et polarisante – de la scène politique française, est mort mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans. Polémiste assumé et orateur redoutable, il a marqué plusieurs décennies de vie publique en France par ses prises de position tranchées, ses discours souvent enflammés mais aussi par un attachement singulier à certaines causes internationales, notamment en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «Toute solution pour le Sahara ne peut être envisagée que dans le cadre de la souveraineté du Maroc», déclarait-il à plusieurs reprises, soutenant le projet d'autonomie proposé par Rabat et estimant qu'il s'agissait «d'une option soutenue par la France et l'Espagne.» Un allié du Maroc Jean-Marie Le Pen nourrissait une profonde admiration pour le roi Hassan II, qu'il qualifiait d'«homme à l'opinion franche» et de «maître admirable de la langue française.» Lors de sa visite à Rabat en décembre 1990, Le Pen, alors accompagné de députés français au Parlement européen, avait été reçu en audience par l'ancien souverain marocain en présence de plusieurs ministres, parmi lesquels Moulay Ahmed Alaoui et Abdellatif Filali. Fervent défenseur des liens franco-marocains, il soulignait que la relation entre les deux pays était fondée sur une communauté d'intérêts et de risques partagés. «La France est le premier partenaire économique du Maroc, et il y a chez nous une importante communauté de Marocains», affirmait-il. Il n'hésitait pas à louer Mohammed VI pour avoir assuré, selon lui, «un calme et une sécurité au Maroc», contrairement à d'autres nations traversées par des transitions instables. Une vision sans concession sur l'Algérie Jean-Marie Le Pen ne cachait pas ses critiques à l'égard du régime algérien, qu'il accusait d'entretenir des tensions artificielles avec la France pour détourner l'attention de ses échecs économiques et sociaux. «La jeunesse algérienne a besoin de choses beaucoup plus importantes que les excuses officielles de la France», déclarait-il, rejetant l'idée de repentances excessives liées à la période coloniale. Homme de convictions souvent radicales, Jean-Marie Le Pen laisse une empreinte complexe dans l'histoire contemporaine de la France. Pour ses soutiens, il était un défenseur infatigable des valeurs nationales et des intérêts français, notamment dans un contexte de mondialisation croissante. Pour ses opposants, il incarnait une rhétorique et des idées jugées parfois extrêmes, notamment en matière d'immigration et de mémoire historique.