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Saïd Chengriha force Abdelmadjid Tebboune à lui accorder de larges pouvoirs, aggravant l'immixtion de l'appareil militaire dans les institutions civiles
Abdelmadjid Tebboune a été forcé de conférer des pouvoirs étendus au chef d'état-major de l'armée Saïd Chengriha, une figure militaire de premier plan réputée pour ses interventions abusives dans des prérogatives présidentielles officielles. Ce dernier a été l'un des soutiens les plus fervents de la reconduction controversée de Tebboune pour un second mandat lors de la dernière présidentielle, entachée d'irrégularités et de chiffres discordants. Dans le dernier Journal officiel, Tebboune a signé un décret définissant les attributions du ministre délégué auprès du ministre de la défense nationale, un poste occupé par Saïd Chengriha, qui détient la fonction de chef d'état-major de l'Armée nationale populaire. Selon la Constitution algérienne, la gestion du ministère de la défense nationale relève de la présidence mais les affaires administratives quotidiennes de ce département sont généralement confiées à une personnalité militaire proche du président. Lors du premier mandat de Tebboune, le poste de vice-ministre de la défense, qui était associé à la fonction de chef d'état-major, a été supprimé. Cette révocation permettait au chef de l'armée de participer aux réunions du Conseil des ministres, lui conférant ainsi une prétendue stature civile en parallèle de ses responsabilités militaires. Cette réforme avait été justifiée par la volonté de mettre un terme à une forme de dualité dans les fonctions publiques, en réponse aux revendications du mouvement populaire de 2019 appelant à un Etat civil et à évincer les forces armées de tout rôle politique. Sédition institutionnelle silencieuse Cependant, après sa réélection, Tebboune a décidé de rétablir la fonction de ministre délégué auprès du ministre de la défense dans le cadre de la nouvelle architecture du gouvernement. Aucune explication officielle n'a été donnée concernant ce changement, mais certains observateurs ont interprété cette décision comme une nouvelle surenchère en matière de défense nationale, un domaine utilisé pour museler les oppositions et les voix divergentes. Le décret précise les principales missions du ministre délégué, qui exerce ses fonctions sous l'autorité et la surveillance du ministre de la défense avec pour obligation de lui rendre compte des résultats de ses actions. Il est également habilité à signer tous les documents officiels, y compris les décisions administratives. Le ministre délégué est chargé de la gestion et du traitement des correspondances adressées au ministre de la défense, concernant les affaires administratives et réglementaires. Il doit veiller à ce que les réponses soient envoyées en son nom, selon les instructions du ministre. Il a également la responsabilité, en tant que représentant du ministère, de superviser les études liées à l'activité gouvernementale et de maintenir les relations avec les institutions publiques et les autres entités nationales hors du champ militaire. De plus, le ministre délégué est en charge des dossiers ministériels, des questions économiques et financières ainsi que de la coordination de la préparation du plan de développement du ministère de la Défense et de son budget. Il préside également les comités sectoriels de passation des marchés publics et du Conseil national de la sécurité des systèmes d'information. Par ailleurs, il supervise les réserves ministérielles et les politiques de recherche scientifique et technologique dans les domaines de l'industrie militaire, des armements et de la défense. Il est également responsable de la mise en œuvre des accords internationaux relatifs aux armes de destruction massive, aux technologies sensibles, aux drones et à d'autres équipements stratégiques. Le ministre délégué est aussi en charge de la mise en place et de l'exécution de la politique de coopération militaire et des relations extérieures, en coordination avec le ministre de la défense, mais aussi la gestion des ressources humaines du ministère, y compris la gestion des carrières, des promotions et des mutations du personnel militaire. Il doit également préparer les plans de recrutement et de formation du personnel, après validation par le ministre de la défense.