L'Algérie, fidèle défenseur du régime syrien de Bachar al-Assad depuis le début du conflit en 2011, s'est vue, à l'instar d'autres pays, face à un retournement diplomatique majeur avec la chute du régime samedi 7 décembre. En soutenant un pouvoir impopulaire responsable d'une répression sanglante et aveugle, l'Algérie a fait le pari risqué d'une alliance avec un dictateur dont la départ était inévitable. Ce choix stratégique, fondé sur une vision géopolitique très restrictive, a aujourd'hui des conséquences diplomatiques et morales graves. Depuis 2011, la Syrie avait été exclue de la Ligue arabe en raison de la brutalité exercée par Bachar al-Assad contre les opposants politiques et la population civile après les soulèvements arabes. Ce fut une décision largement soutenue par la communauté internationale, mais l'Algérie, loin de condamner le régime, s'est obstinée à en être un soutien inconditionnel, arguant de la nécessité de préserver la souveraineté syrienne et de s'opposer à l'ingérence étrangère. Dans ce contexte, l'Algérie s'est alignée sur des positions diplomatiques discutables, ignorant les souffrances du peuple syrien. Le régime d'al-Assad, malgré ses crimes de guerre, a été soutenu par Alger, qui a insisté sur le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe, bien avant que ce processus ne devienne une réalité pour le reste du monde arabe en 2023. L'Algérie, en ne prenant pas ses distances avec le dictateur syrien, a contribué à s'isoler plus et à se rendre dépendante de puissances extérieures comme la Russie et l'Iran, par ce biais. Le 7 mai 2023, lors d'une réunion à huis clos des ministres des affaires étrangères arabes au Caire, la réintégration de la Syrie à la Ligue arabe a été décidée, après une intense campagne algérienne. Il faut souligner que l'Algérie a choisi de ne pas soutenir les aspirations légitimes du peuple syrien à la démocratie et à la liberté, préférant jouer la carte d'un idéologisme qui n'a pas résisté à l'épreuve du temps. Alors que d'autres nations arabes avaient appuyé l'opposition dès le début de la guerre, l'Algérie s'est isolée en soutenant un régime de plus en plus contesté et marginalisé. Ce soutien, perçu comme un acte de fidélité géopolitique envers un allié en crise, a au final fragilisé la position de l'Algérie sur la scène internationale, d'autant plus qu'elle a longtemps été vue comme un acteur équilibré. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, alors que la Syrie espère se reconstruire après des années de guerre, le choix algérien apparaît comme une erreur stratégique fondamentale. En misant sur un pouvoir qui n'a cessé pas de se détacher des aspirations de son peuple, l'Algérie a agi de manière contreproductive. Cette décision pourrait lui coûter cher sur le plan diplomatique et moral, alors même que les autres pays arabes se rapprochent de la nouvelle Syrie qui surgit. Dans un monde où l'opinion publique est de plus en plus consciente des dérives autoritaires des régimes, la position algérienne a été déconnectée des réalités du terrain et des aspirations des peuples. Le soutien de l'Algérie à Bachar al-Assad, loin d'être une politique de soutien à la stabilité, n'était qu'un pari perdant, dont les effets risquent de se faire sentir bientôt.