Iran et Turquie ont appelé à un cessez-le-feu en Syrie avant la tenue d'une conférence de paix prévue en janvier, lors de laquelle le régime veut défendre une transition sous la houlette de Bachar al-Assad, face à une opposition qui exclut sa présence. "Nous devons préparer le terrain pour un cessez-le-feu qui mènera Genève-2 à un succès", a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, après un entretien à Téhéran avec son homologue turc, selon l'agence iranienne Mehr. L'appel lancé par l'Iran, qui soutient le régime syrien, et la Turquie, qui appuie l'opposition, ne semble pas être entendu sur le terrain pour le moment. Depuis l'annonce lundi par l'ONU de la date de la conférence de paix, le 22 janvier à Genève, les combats ont redoublé de violence dans la région agricole autour de Damas et dans les monts de Qalamoun, deux secteurs stratégiques pour les belligérants qui veulent arriver aux négociations en position de force. Le conflit est attisé par la présence de milliers de jihadistes venus des quatre coins du monde combattre le régime syrien, qu'ils jugent "impie", mais prenant aussi parfois pour cible les combattants rebelles syriens. Selon Ankara, quelque 500 citoyens turcs ont ainsi rejoint les groupes proches d'Al-Qaïda, dont les exactions ont été dénoncées par le chef militaire des rebelles. "Il y a ceux qui viennent de l'étranger (...) pour nous apprendre ce qu'est l'islam", a déploré Sélim Idriss, chef du Conseil militaire syrien. Leurs exécutions, enlèvements et autres abus "nous sont étrangers et sont étrangers à la modération (...) de l'islam auquel nous voulons nous tenir", a-t-il martelé. "La Syrie annonce sa participation (à Genève-2) avec une délégation officielle munie des directives du président Bachar al-Assad", a annoncé mercredi une source au ministère des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle Sana. Le ministère a précisé que "la délégation officielle syrienne va à Genève non pas pour remettre le pouvoir mais pour dialoguer avec ceux qui (...) soutiennent une solution politique pour le futur de la Syrie". Dans cette guerre qui a fait plus de 120.000 morts et poussé des millions de Syriens à fuir leur foyer, le régime est soutenu principalement par la Russie et l'Iran, tandis que l'opposition bénéficie de l'appui de la majeure partie des pays occidentaux et arabes, notamment du Golfe. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a affirmé que Damas n'était "pas isolée" sur le plan diplomatique. A la tête de l'Etat depuis la mort de son père en 2000, Bachar al-Assad peut se présenter, selon la Constitution, pour deux nouveaux mandats. L'élection présidentielle est prévue en juin. Réagissant au communiqué de Damas, le bureau du président de la Coalition de l'opposition a jugé que le "régime affiche clairement ses intentions, à savoir un simulacre de coopération internationale comme couverture à sa guerre contre le peuple syrien". Mardi, la Coalition de l'opposition avait accepté de se rendre à Genève mais insisté sur son "refus total de la participation de Bachar al-Assad et de tous les criminels" dans le gouvernement transitoire. Mais, pour l'expert de la Syrie, Nikolaos Van Dam, "le régime a plus de chance de l'emporter (à Genève) s'il reste militairement le plus fort". "Bachar al-Assad ne veut négocier que s'il en tire profit, comme par exemple l'arrêt de la guerre, mais il ne va certainement pas négocier son départ, je ne le vois pas signer son arrêt de mort", explique l'auteur de "La lutte pour le pouvoir en Syrie". Sur le terrain, des "opérations militaires" se déroulaient près de Nabek et Deir Attiya, à Qalamoun et dans la Ghouta orientale, a indiqué une source de sécurité, assurant que les rebelles n'avaient pas réussi à briser le siège imposé par l'armée. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, l'armée a bloqué les rebelles dans la Ghouta, et à Marj as-Salam 17 rebelles, dont cinq étrangers, ont été tués.