La décision du gouvernement de suspendre les droits de douane et de prendre en charge la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour l'importation de bovins et d'ovins a entraîné un coût financier dépassant dix-neuf milliards de dirhams. Selon le ministère de l'économie et des finances, cette initiative s'inscrit dans un ensemble de mesures destinées à «atténuer les effets de la sécheresse», à «faire face à la hausse des prix» et à «soutenir le pouvoir d'achat des citoyens.» D'après les précisions ministérielles, cette mesure «a été mise en œuvre pour les bovins domestiques dès le 21 octobre 2022 accompagnée d'une exonération des droits de douane sur leurs importations.» En date du 31 décembre 2023, «cette exonération a été prolongée jusqu'à la fin de l'année 2024 avec un plafond initialement fixé à 100 000 têtes.» Ce quota a, ensuite, «été relevé à 120 000 têtes en raison de l'augmentation persistante des prix de la viande bovine et afin d'assurer un approvisionnement continu du marché local en viande rouge tout en tenant compte des contraintes climatiques.» Le ministère a indiqué qu'entre l'entrée en vigueur de cette mesure et le 19 novembre 2024, «le manque à gagner en droits d'importation atteignait 7,99 milliards de dirhams.» Un suivi déficient des fonds alloués Cependant, malgré l'apparente pertinence de ces dispositifs pour répondre aux besoins urgents du marché, le suivi rigoureux des sommes mobilisées demeure lacunaire. Selon plusieurs observateurs du secteur, «cette faiblesse dans le contrôle pourrait compromettre l'efficacité de ces mesures et leurs effets réels sur le pouvoir d'achat des citoyens.» Ces derniers soulignent que «l'engagement de fonds publics aussi considérables nécessite une gestion transparente et une évaluation approfondie pour garantir que les objectifs initiaux soient pleinement atteints.» La TVA et les importations de bovins Dans le même cadre, le ministère a expliqué que pour atténuer les répercussions de la hausse des prix mondiaux de certains produits agricoles sur le consommateur marocain, le budget de l'Etat a pris en charge la TVA sur l'importation de bovins bénéficiant déjà de l'exonération des droits de douane. Ce dispositif, entré en vigueur le 3 février 2023, concernait un plafond de 100 000 têtes, porté ultérieurement à 120 000. Entre son application et le 19 novembre 2024, cette mesure a engendré un coût total de 808,91 millions de dirhams pour les finances publiques. En ce qui concerne les ovins, la sécheresse qu'endure le Maroc, accompagnée d'une flambée des prix des fourrages, a conduit le gouvernement à exempter ces importations de droits de douane et de TVA à partir de février 2023. Ces dispositions visaient à reconstituer le cheptel national. Entre leur mise en œuvre et le 18 octobre 2024, le coût total supporté par le budget de l'Etat s'est élevé à 5 031,5 millions de dirhams, dont 3 869,7 millions pour les droits de douane et 1 161,9 millions pour la TVA. Par ailleurs, entre le 19 octobre 2024 et le 31 décembre 2024, la suspension des droits de douane appliqués aux ovins a entraîné une perte de recettes de 260,84 millions de dirhams et une charge de 20,69 millions de dirhams pour la TVA. En dépit de ces efforts, l'absence d'un suivi précis et exhaustif des ressources mobilisées pourrait entraver la portée des mesures adoptées. «Les mécanismes de contrôle et d'évaluation méritent d'être renforcés pour garantir que ces initiatives répondent véritablement aux objectifs fixés et qu'elles bénéficient directement aux populations et aux secteurs concernés», a-t-on souligné