L'inscription de l'Algérie sur la «liste grise» du GAFI représente un avertissement sérieux aux investisseurs internationaux. Ce classement indique que le pays, principal financeur du Polisario, est sous surveillance renforcée en raison de lacunes importantes dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. L'Algérie, inscrite sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), est désormais perçue comme un pays déficient en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (AML/CTF), alors que nul ne sait le sort des fonds alloués au Front Polisario, chiffrés à des milliards de dollars. Cette décision, a appris Barlamane.com de sources économiques, «entraînera désormais un surcoût pour les banques et les entreprises algériennes lors des transactions internationales car leurs partenaires commerciaux et financiers devront renforcer leurs contrôles, ce qui ralentira les flux financiers et accentuera les coûts de conformité.» Ce n'est pas tout, puisque l'Algérie risque «d'accroître sa dépendance envers les secteurs informels et d'encourager l'exil des capitaux» alors que «les investisseurs étrangers, déjà prudents en raison des politiques économiques et du climat des affaires en Algérie, pourraient se détourner davantage du pays, ce qui freinerait la croissance et aggraverait les déséquilibres économiques», a-t-on affirmé. À moyen terme, cela pourrait se traduire par une baisse des investissements directs étrangers (IDE) et une réduction des entrées de devises essentielles pour l'économie. Le secteur financier algérien, fermé et peu intégré aux marchés financiers mondiaux, suggère que certains des risques AML/CTF attribués par le GAFI pourraient avoir des conséquences à l'international. «Ce nouveau statut pourrait limiter le poids de l'Algérie dans les groupes économiques régionaux et les partenariats intercontinentaux, car on pourrait hésiter à s'engager avec une Etat figurant sur la liste grise», a-t-on clarifié. Cette décision est survenue lors de la première session plénière d'Elisa de Anda Madrazo en tant que présidente du GAFI, qui veut imposer une application plus stricte des normes de gouvernance financière. «Pour l'Algérie, le fait de figurer sur la liste grise pourrait accentuer son isolement, les partenariats financiers et les investissements étrangers étant de plus en plus réticents à traiter avec les institutions algériennes», selon la même source, qui pointent «la nécessité, pour l'Algérie, de réformer structurellement son secteur bancaire et celui de supervision financière pour éviter un isolement économique prolongé.» Secteur informel et opacité financière L'économie informelle en Algérie, qui représenterait entre 30 et 50 % du PIB selon diverses sources, offre un champ considérable pour le blanchiment d'argent. Ce secteur, peu contrôlé et mal encadré, favorise l'évasion fiscale et le transfert de fonds non déclarés. De nombreux petits commerces, ainsi que des transactions immobilières, se déroulent en espèces, échappant ainsi aux systèmes de surveillance financière, déjà lacunaire. Cette opacité rend difficile le traçage des flux financiers et constitue un obstacle majeur à l'identification des sources de revenus illégaux, un fait pointé dans plusieurs rapports. Le GAFI révèle en substance que le système bancaire algérien reste vulnérable aux activités de blanchiment. Le manque de régulations rigoureuses et de formation spécifique des agents bancaires limite la détection des transactions suspectes. De plus, «l'interconnexion limitée avec les banques étrangères – en partie à cause d'un historique de fermeture économique et d'autarcie – réduit l'accès aux informations financières internationales, compliquant les enquêtes sur les fonds déplacés hors du pays», a-t-on indiqué. La corruption endémique est l'une des principales sources de blanchiment d'argent en Algérie. Les revenus illicites générés par des détournements de fonds publics et des pots-de-vin dans les secteurs des hydrocarbures, de la construction et des infrastructures se traduisent souvent par des transferts de capitaux massifs vers des paradis fiscaux ou par des acquisitions de biens de luxe à l'étranger, d'après les informations dévoilés par les Panama Papers. Par ailleurs, la contrebande, qui prospère le long des frontières poreuses avec le Mali, le Niger et la Libye, alimente un flux constant de fonds illégaux, ce qui aggrave les défis économiques et sécuritaires. Selon les experts du FMI, «le blanchiment d'argent en Algérie contribue à la distorsion de l'économie locale en permettant aux fonds illicites d'entrer dans le circuit économique, ces activités faussent la concurrence, car les entreprises impliquées dans des activités de blanchiment bénéficient d'avantages financiers qui nuisent aux acteurs légitimes du marché.» Conséquences diverses Pour eux, l'exfiltration de capitaux vers des comptes bancaires à l'étranger «entraîne une perte de devises et prive l'économie nationale d'investissements potentiels, freinant ainsi la croissance économique et accentuant la dépendance aux exportations d'hydrocarbures.» L'inscription de l'Algérie sur la «liste grise» du GAFI démontre aussi que le pays peine à éradiquer le financement du terrorisme. Pour les différents acteurs économiques, cela veut dire que les coûts de transaction et les décisions de désinvestissement vont prendre une ampleur sans précédent. Les fonds d'investissement et les institutions financières internationales considèrent que l'Algérie n'aura pas fait des progrès substantiels en matière de transparence et de conformité aux normes internationales. Les économistes en Algérie réclament, depuis des années, «un cadre plus efficace de lutte contre le blanchiment d'argent et une réforme en profondeur axés sur le renforcement des capacités institutionnelles et de la transparence dans le secteur bancaire et des affaires.» Ils défendent «la modernisation des procédures de vérification bancaire, la formation des agents financiers à la détection des opérations suspectes, et l'introduction de mécanismes d'encouragement pour réduire l'économie informelle. La coopération accrue avec des organismes internationaux, en matière de traçage des fonds illégaux et de recouvrement des actifs, renforcerait également les capacités algériennes à faire face aux défis liés au blanchiment d'argent.»